Second tour des élections régionales: Les 5 points chauds

Les cinq points chauds du second tour des régionales

POLITIQUE - Dernier arrêt avant le terminus présidentiel. Les Français sont appelés aux urnes dimanche 27 juin pour choisir leurs futurs présidents de région. L’ultime scrutin avant l’élection suprême du printemps 2022

Sur les treize actuellement en poste, tous candidats à leur succession, nombreux sont ceux à aborder ce second tour en tant que favoris. La prime aux sortants, dans un contexte d’abstention record, a joué un rôle fondamental le 20 juin dernier, permettant à chacun d’entre eux -sauf Renaud Muselier en Provence-Alpes-Côte d’Azur- de se hisser en tête du premier tour. D’autres, en revanche, vont devoir encore batailler sous la pression d’une gauche souvent réunie, ou d’une extrême droite moins puissante que prévu, pour garder leur fauteuil, comme vous pouvez le voir dans notre carte en tête de l’article.

C’est le cas dans les Pays de la Loire, où Christelle Morançais pourrait voir les écolos s’imposer d’un cheveu, en Bretagne, région dans laquelle les héritiers du ministre Le Drian se déchirent, ou en Paca, là où le Rassemblement national espère encore enregistrer une victoire capitale à un an de la présidentielle.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, duel serré pour une victoire RN?

C’est le principal duel de la journée, la région qui sera, à n’en pas douter, la plus scrutée. Et pour cause, le Rassemblement national pourrait signer là une victoire historique. Son candidat, Thierry Mariani est arrivé en tête au premier tour avec 36,4% des suffrages, 4,5 points devant le LR Renaud Muselier, seul président sortant à ne pas avoir dominé les urnes le 20 juin dernier.

Jean-Laurent Félizia, le chef de file des écolos -et d’une partie de la gauche- a quant à lui décidé de retirer sa liste aux 16,9%, sous la pression des états-majors parisiens. 

Une décision applaudie par l’ensemble de la classe politique, à l’exception de l’extrême droite qui voit là une alliance contre-nature pour “empêcher la volonté populaire de s’exprimer.” Reste désormais à savoir si ce désistement, ajouté au soutien de l’autre candidat écolo, Jean-Marc Governatori, permettra à la droite locale de rattraper son retard sur l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, désormais candidat de la formation de Marine Le Pen. Ce dernier a réalisé un score moins important que celui de Marion Maréchal (41%) en 2015 au premier tour de l’élection... et serait deux points derrière son ancien collègue au second, selon un sondage Ifop-Fiducial publié mercredi par Le Figaro et LCI.

Dans les Pays de la Loire, les écolos peuvent y croire

Dans les Pays de la Loire, le risque d’une victoire de l’extrême droite n’existe pas. En revanche, la sortante LR Christelle Morançais, en pole position à l’issue du premier tour avec 34,2% des voix, est sous la pression de l’ancien marcheur écolo Matthieu Orphelin, désormais soutenu par les Verts et l’ensemble des formations de gauche.

Fusionnée avec celle du socialiste Guillaume Garot, sa liste pourrait effectivement cumuler près de 35% des voix et offrir ainsi à Europe Écologie-Les Verts une victoire de prestige en forme de confirmation après les municipales et d’espoir à quelques mois de la présidentielle.

Les autres candidatures qui pouvaient se maintenir, celle de François de Rugy pour la majorité et Hervé Juvin pour le Rassemblement national, l’ont fait. L’issue de cette quadrangulaire apparaît donc très incertaine. De quoi expliquer le degré de tension, ou de violence, observé pendant l’entre-deux-tours? Matthieu Orphelin, d’abord accusé d’être un candidat “extrémiste” par Christelle Morançais, a ensuite porté plainte pour des propos homophobes tenus à son égard lors d’un “tractage” de la liste de droite, avant que la présidente de région sortante boycotte un débat télévisé. 

En Ile-de-France, Pécresse face à l’union de la gauche

Comme Christelle Morançais, Valérie Pécresse fait face à un candidat écolo, soutenu par l’ensemble de la gauche en Île-de-France, en l’occurrence Julien Bayou. L’ancienne ministre (ex-LR), qui ne cache pas lorgner sur 2022, a largement dominé le premier tour en recueillant 35,94%. Mais elle apparaît plus ennuyée que prévu au second face à la liste du patron des Verts, qui, sur le papier, pourrait cumuler 34,26% des suffrages grâce à son entente avec Clémentine Autain et Audrey Pulvar. Mais la réalité pourrait être toute autre: le seul sondage publié pendant l’entre-deux-tours, jeudi, par Cnews, montre une sortante largement devant avec une marge de douze points sur son concurrent EELV.

Ce qui ne l’empêche pas, comme sa collègue dans les Pays de la Loire, de se présenter comme le “seul rempart contre la gauche extrême.” Valérie Pécresse a effectivement passé sa fin de campagne à appeler ”à la mobilisation de tous les Républicains sincères”, face “aux idées de monsieur Mélenchon.” Car ”ça n’est pas gagné”, selon ses propres mots sur France Inter, quand plusieurs de ses soutiens demandaient, en vain, à la majorité de retirer sa liste pour un “front républicain” d’un nouveau genre. 

Comme le député-marcheur Laurent Saint-Martin, le numéro deux du Rassemblement national, Jordan Bardella, était en mesure de maintenir sa candidature après le premier tour, mais il ne devrait pas peser sur l’issue du scrutin. Ils sont donnés tous deux à 13% des voix.

En Bretagne, l’héritage de Le Drian se décidera en quinquangulaire

A la fin, il n’en restera qu’un. Mais pour l’instant, ils sont cinq. En Bretagne, la succession du ministre Jean-Yves Le Drian va donc se jouer au terme d’une quinquangulaire à suspense.

Le sortant socialiste Loïg Chesnais-Girard, qui a viré en tête dimanche 20 juin avec 20,95% des voix, a fusionné sa liste avec l’ancien maire antipesticides de Langouët Daniel Cueff, fort de quelque 6,5%, sans parvenir au même accord avec la candidature estampillée EELV de Claire Desmares-Poirrier. Elle a choisi de partir seule au second tour, après avoir réuni 15% des suffrages au premier. Malgré cette défection, le PS pourrait donc garder la région, face à la candidature de l’ancien socialiste Thierry Burlot, ex-allié du président sortant, désormais soutenu par la majorité.

La droite, avec Isabelle Le Callennec (16,3%) et le Rassemblement national, emmené par Gilles Pennelle (14%) se sont maintenus, sans réelle chance de victoire.

En Bourgogne Franche-Comté, le RN embusqué

Marine Le Pen et ses troupes peuvent-elles encore l’emporter dans une région, hormis la Paca? En Bourgogne Franche-Comté, la socialiste sortante Marie-Guite Dufay a résisté au Rassemblement national au premier tour en totalisant 26,52% des suffrages, avant de fusionner sa liste avec celle de l’écologiste Stéphanie Modde et ses 10%.

Lors de la quadrangulaire de dimanche, son principal adversaire sera, malgré tout, Julien Odoul, le candidat lepéniste dans la région, qu’elle a devancé d’un peu moins de trois points le 20 juin dernier. Le maire Les Républicains de Chalon-sur-Saône Gilles Platret sera également en lice, tout comme celui de Nevers (LREM) Denis Thuriot. Ce dernier a refusé de retirer sa candidature, soutenue par la majorité, malgré les appels au désistement venus de la droite et de la gauche, soucieuses de l’éventualité d’une victoire de l’extrême droite sur le territoire. Un risque qui ne semble pas exclu dans le Centre-Val de Loire, non plus.

Enfin, en Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Hauts-de-France, si les succès de  Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand ne font guère de doute, l’ampleur de leurs scores respectifs sera à surveiller, comme autant d’arguments, pour eux, avant de monter dans le train de la présidentielle.

À voir également sur Le HuffPost : Ces jeunes électeurs expliquent leur abstention aux régionales

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires