Humanité – L’édito de Christophe Bonnefoy

La cour d’assises de Saône-et-Loire s’est, d’une certaine manière, transformée hier en quelque chose d’un peu plus humain qu’un simple lieu à appliquer froidement les textes de loi. C’est en tout cas l’une des conclusions qu’on pourra tirer d’un procès qui était beaucoup plus que celui d’une femme ayant tué son mari. L’image restera, ainsi, de cet avocat général qui n’a pas occulté la gravité de l’acte mais a su tenir compte d’un contexte. Celui de la souffrance de milliers de femmes qui subissent, en silence, la violence quotidienne de ceux qu’il faut bien appeler leurs tortionnaires.

Valérie Bacot a donné la mort à ce monstre qui pendant des dizaines d’années l’a terrorisée, l’a totalement soumise. A celui qui pensait qu’il pouvait en faire son objet. Jusqu’à la prostituer. Jusqu’à l’obliger à porter une oreillette pour lui faire passer ses instructions pendant les passes.

Avant même le verdict, le coup de tonnerre n’est pas venu de l’absence apparente d’empathie dont on peut parfois accuser… l’accusation. Bien au contraire. « Fixer l’interdit sans réincarcérer ». Les mots de l’avocat général, Eric Jallet, ont résonné en salle d’audience. Au point de faire vaciller l’accusée jusqu’au malaise, après une éternité à supporter, à encaisser les coups, puis à tenter d’expliquer le calvaire qu’elle avait vécu.

Valérie Bacot a tué. Certes. Elle a, surtout, brisé ses chaînes. Elle a donné la mort. Mais, et c’est ce qu’on comprend dans les mots de l’avocat général, n’a eu d’autre choix que de reprendre cette vie qu’on lui avait volée. Le jury n’a pas dit autre chose, en la condamnant à une peine qu’on pourrait qualifier de symbolique. Valérie Bacot est libre. Libre, espérons-le, de se reconstruire enfin.

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