La migration est la responsabilité des pays de départ comme des pays d’arrivée

Des Africains de l'Ouest revenant au Niger après avoir fui la Libye à cause de groupes armés, à leur arrivée à Agadez, le 31 mars 2017, après leur tentative ratée de rejoindre l'Europe en traversant la mer Méditerranée. (Crédit photo ISSOUF SANOGO/AFP via Getty Images)

L’Europe et les Amériques représentent l’eldorado pour de nombreuses personnes en Afrique. Ainsi, ils sont nombreux ces jeunes qui quittent leurs familles en direction de ces destinations avec l’espoir d’un lendemain meilleur. Le phénomène de migration internationale a donné une nouvelle étiquette à trois villes africaines qui arborent désormais la dénomination de “villes carrefour” dans l’itinéraire migratoire. Il s’agit de Nouadhibou en Mauritanie, Agadez au Niger ou encore Dongola au Soudan.

Agadez, du fait de sa position géographique, est une ville de transit entre le Maghreb et l’Afrique noire.

Elle est devenue une ville prisée par les migrants dans le système migratoire africain. Nombreux sont les migrants africains souhaitant se rendre en Europe qui s’en servent comme ville de transit.

 

Environ 10 enfants migrants arrivent chaque semaine à Agadez dans l’optique de pouvoir bénéficier de l’asile.

 

Ils sont de plus en plus nombreux qui échouent aux portes de la commune d’Agadez qui se trouve dans le nord du Niger. Environ 10 enfants migrants arrivent chaque semaine à Agadez dans l’optique de pouvoir bénéficier de l’asile. Le trajet emprunté par ces migrants est jonché de dangers. Parmi ces dangers on note: l’hostilité et la chaleur du désert, les rapts, viols, enlèvements, négligence, détention illégale, maltraitance, et esclavage moderne de la part des trafiquants. Pour la plupart, ils sont vendus à des personnes qui font d’eux des esclaves sexuels, et des valeurs marchandes pour leurs champs.

Une fois en Libye, les trafiquants les emprisonnent dans des maisons closes en les soumettant aux pires tortures. Tout en les torturant, ils conditionnent leur libération à l’expédition d’une somme par leurs proches. Les raisons pour lesquelles ces jeunes quittent leurs pays sont nombreuses, on peut y voir l’instabilité politique ou la quête d’un emploi bien rémunéré.

La finalité de cette aventure étant l’amélioration de leurs conditions de vie ainsi que celles de leurs proches. Cette aventure s’arrête temporairement pour certains aux portes d’Agadez. Une fois arrivées là, ces personnes bénéficient de l’accueil de l’État du Niger. Parmi eux, on dénombre une kyrielle de nationalités: des Camerounais, Tchadiens, Libériens, Soudanais, Érythréens, des Somaliens, des Palestiniens. Il est important de savoir que les profils de ces migrants sont divers. On y rencontre des mineurs et des adultes d’âges divers.

Ces migrants, une fois à Agadez, bénéficient de la part de l’État du Niger de l’asile et de l’assistance humanitaire. Il faut dire que ces migrants arrivent tous à Agadez dans un état psychologique et physiologique inquiétant. Le travail entrepris par les acteurs humanitaires va de l’appui psychosocial à l’appui médical en passant par la fourniture des services sociaux de base (éducation, santé, abri, alimentation). En tant qu’Organisation humanitaire, nous apportons protection aux mineurs demandeurs d’asile.

Notre organisation veille à apporter une réponse à leurs besoins psychologiques à travers l’intervention d’un psychologue. Par ailleurs, une assistance matérielle consistant à mettre à leur disposition des vêtements chauds et des chaussures est également faite. Par ailleurs, nous assurons l’éducation de ces mineurs à travers la réhabilitation, la construction des salles de classe, et la mise en place de classes passerelles pour les enfants n’ayant pas le niveau scolaire adéquat pour s’intégrer au système scolaire national. Outre cela, ces mineurs bénéficient d’une scolarisation dans les écoles de la communauté hôte. Enfin, nous sommes en charge de répondre à leurs besoins psychosociaux en organisant de nombreuses activités psychosociales. Ces activités ont pour objectif de favoriser leur intégration ainsi que la cohésion avec la communauté hôte nigérienne. Cette cohésion sociale se traduit à travers l’organisation d’actions de promotions culturelles et de compétitions sportives (matchs de football, et de volley-ball). 

Afin de faciliter leur insertion professionnelle dans le pays d’accueil, nous nous chargeons d’assurer leur formation professionnelle dans les secteurs de la couture, coiffure, mécanique, électricité et informatique. Ces acquis professionnels sont sanctionnés par l’obtention d’un certificat.

Ces jeunes Africains ont tous besoin d’un appui qui leur permette de reprendre leur vie en main. Leur plus grand espoir, c’est la recherche d’un lendemain meilleur. Nombreux parmi eux ont la volonté de poursuivre leurs études, de s’adonner à une formation professionnelle et de s’intégrer dans la société nigérienne. Leur souhait le plus cher c’est d’être autonome financièrement afin de pouvoir retrouver leur dignité humaine d’une part et de pourvoir aux besoins de leur famille d’autre part.

 

Les raisons pour lesquelles ces jeunes quittent leur pays sont nombreuses, on peut y voir l’instabilité politique ou la quête d’un emploi bien rémunéré.

 

L’Europe constitue pour eux une bouée de sauvetage, cette bouée de sauvetage qui sera leur seconde chance pour démarrer une nouvelle vie. L’appui dont bénéficient ces personnes au Niger leur redonnent non seulement leur dignité d’êtres-humains, mais l’espoir d’une nouvelle vie et d’une seconde chance. Ainsi, ces personnes une fois arrivées en Europe ou en Amérique ont juste besoin de continuer à être dans cet état d’esprit à travers plusieurs alternatives, notamment un travail, des études ou l’art ou le savoir-faire qu’ils ont.

Stopper la migration de ces personnes vers l’Europe est impossible, mais combattre la misère à travers l’amélioration de leurs conditions de vie dans leurs pays d’origine pourrait aider à faire reculer ce phénomène. La migration est et restera la responsabilité de tout le monde, aussi bien des pays de départ que des pays d’arrivée.

 

“Coopération décentralisée au Cameroun” de Delphine Aurore Essa Zoah, éditions universitaires européennes.

 

À voir également sur Le HuffPost: Peut-on refermer la blessure coloniale? Le regard de l’historien Pascal Blanchard

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires