Pourquoi le terme "congé" doit être remplacé dans l'expression "congé parental" - BLOG

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CONGÉ PARENTAL - “Congés” dans le milieu du travail signifie “jouir de la permission de s’absenter” ou “se retirer”. Mais dans le contexte de la parentalité, l’usage de ce terme suggère un vide alors que commence la période la plus intense d’une vie, rendant étrangers les efforts et l’intensité de l’activité des soins envers un être qui ne dispose d’aucune autonomie.

Il y aurait donc le monde du travail… et le reste, le vide, un champ nébuleux et impensé… quand la confusion ne conduit pas à carrément associer le terme de “congés” aux vacances. C’est un des principaux problèmes, le terme “congé” est devenu connoté, il induit inconsciemment ou consciemment l’idée qu’on se repose en accueillant un bébé. Cela évite de prendre conscience de la charge et de la responsabilité que cela exige. Parler de congés, c’est nier que la sphère domestique est aussi un travail. L’implication que nécessitent les soins d’un nourrisson dont les besoins sont aussi exigeants qu’ils sont vitaux pour sa survie est énorme. Ce terme est donc trompeur, car ni adapté à la réalité de la vie avec un enfant en bas âge ni à celle de l’activité de parents.

Revaloriser l’activité parentale et familiale

Si on prend la peine de regarder à la loupe ce qui se joue dans l’intimité de cette période des mois après l’accouchement, on voit que l’accompagnent d’un nourrisson vers l’autonomie est intense: elle demande du temps, des ressources en énergie considérable après un accouchement énergivore, des compétences émotionnelles, un corps solide capable d’endurer la privation et le manque de sommeil. De l’instant où bébé se réveille jusqu’à son endormissement, en passant par ses réveils dans la nuit, l’attention d’un parent porte constamment sur son bébé. Alors ne serait-il pas temps de rendre à cette période ses lettres de noblesse?

Le terme qui sert à désigner cette phase de la vie ne devrait pas être le contraire des seuls impératifs économiques, arrêt ou retrait contre travail, mais bien marquer l’importance de cette période sur le plan humain.

Le domaine du “care”, le soin, n’est pas reconnu par le système économique, conçu en référence aux valeurs de vitesse, de performance, d’exploitation et de compétition, imposant, consciemment ou pas, son point de vue sur ce qu’est le travail ou non. Cela génère une société déconnectée qui n’a plus conscience de l’engagement considérable que demande la parentalité. En préférant le glamouriser et l’artificialiser, le maquiller aux couleurs séduisantes de la publicité à mesure qu’elle réduit ce champ de l’existence aux apparences, elle méprise la noblesse de cet engagement.

Le constat amer des salariés de retour au bureau

Le champ de la pensée autour de la parentalité devient étroit: on préfère juger plutôt que de comprendre (cf. les derniers faits divers comme cette maman qui a reçu une gifle parce qu’elle allaitait et qui est loin d’être isolé, hélas). C’est l’amer constat de nombreuses femmes lorsqu’elles sont de retour au bureau après “leurs congés” de deux mois et demi. Dans “le monde du travail”, nombreuses sont celles qui subissent marques d’indifférence, “Ne te plains pas, tu reviens de vacances”, voire de mépris et d’hostilité. 

Cela en dit long sur l’absence voire la béance de connaissances dans notre culture sur cette activité intense que constituent les débuts de la parentalité. Pourtant, la parentalité met en jeu notre humanité tout entière.

Seulement, toute activité qui ne génère pas de “valeur ajoutée” marchande se voit disqualifiée. Ne pas reconnaître l’enjeu vital de cette période participe au silence sur le post-partum et aggrave les difficultés que les couples peuvent rencontrer dans cette nouvelle vie avec enfant.

Pour que l’activité parentale regagne une place pleine et entière, le terme de “Congés de maternité ou paternité pour l’accueil de l’enfant”, pourrait être remplacé par les termes suivants: “Temps d’accueil du nouvel enfant”, “Temps d’apprentissage parental”, “Temps d’activité parentale”, “Temps d’accueil du nouvel enfant”, “Arrêt de travail pour parentalité”, “Temps parental”, qui cette fois, marqueraient vraiment l’importance de cette période pour les nouveaux parents et pour l’enfant, en plus d’être inclusif.

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