ADOPTION - ”Écoutons les enfants, ce sont juste des personnes qui ont moins d’expérience”. C’est le message qu’a voulu faire passer Amandine Gay dans son récent documentaire “Une histoire à soi”. Sorti en salle le 23 juin, elle est partie à la rencontre de cinq adultes adoptés à l’étranger par une famille blanche française. Ils sont nés au Brésil, au Rwanda, en Corée, en Suisse ou encore au Sri Lanka. Dans ce film poignant, ils retracent leur vie de jeunes adultes jusqu’au jour où l’envie de se reconnecter avec leur culture d’origine a pris le dessus.
Chacun à leur manière, ils expliquent pourquoi ils ont ressenti ce besoin. Certains sont retournés dans la ville où ils sont nés, d’autres voyagent dans leur pays de naissance. Ils évoquent le “déracinement forcé” et la difficulté de se construire lorsque l’on se trouve entre deux cultures. Comment faire pour éviter qu’un enfant adopté ne coupe complètement avec sa culture d’origine?
Pour Amandine Gay, il “faut prioriser l’intérêt supérieur de l’enfant”
“On ne peut pas faire venir un enfant noir dans une famille blanche en France quand par ailleurs, on refuse d’adresser frontalement la question raciale”, affirme Amandine Gay. Pour la réalisatrice, des discussions doivent être menées en amont avec la famille pour savoir si les parents savent, par exemple, coiffer les cheveux crépus ou s’ils sont au courant que les personnes noires peuvent être plus contrôlées dans la rue par la police.
Concernant l’adoption internationale plus spécifiquement, Amandine Gay préconise par exemple un emménagement dans le pays d’origine de l’enfant. ”Ça permettrait de ne pas mettre en place un déracinement. On pourrait adopter un enfant à l’international à condition qu’on lui garantisse de grandir dans son pays et de pouvoir être en permanence en contact avec sa culture”, poursuit la réalisatrice comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
L’adoption internationale “n’est pas problématique” pour Amandine Gay, ce qui l’est c’est de “ne pas prioriser l’intérêt supérieur de l’enfant”. Il faudrait les considérer comme “des petites personnes” qui ont “un avis à donner” lors de leur adoption. Cela pourrait éviter ces déracinements forcés, mais également des adoptions illégales. Aujourd’hui, de nombreuses enquêtes ont été menées pour dénoncer ce genre de pratiques dans des pays comme le Sri Lanka, l’Inde ou encore Haïti. Au mois de juin, deux associations d’enfants adoptés et de parents adoptants, la Voix des adoptés et Enfance et Familles d’Adoption, ont entamé des démarches pour qu’une commission d’enquête indépendante sur des adoptions internationales illégales ayant eu lieu entre 1973 et 2006 soit ouverte.
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