Après un an à Matignon, Castex est-il condamné à revivre la même année?

Le Premier ministre Jean Castex durant une conférence de presse sur le Covid au mois d'avril (illustration)

POLITIQUE - Et si c’était le variant Delta qui avait sauvé Jean Castex à Matignon? Alors que l’idée d’un “changement de visage”, pour “tourner la page du Covid”, circulait encore début juin dans l’entourage d’Emmanuel Macron, l’évolution de la situation sanitaire a sans doute joué dans le choix du président de conserver son Premier ministre. Car après un an de gestion de crise, et alors que son duo avec Olivier Véran n’a pas mal fonctionné, il eût été risqué de miser sur la nouveauté face à la pandémie du siècle aussi imprévisible que dure à gérer.

C’est ainsi que le chef de l’État a décidé, quelques jours avant le premier anniversaire de Jean Castex à Matignon ce samedi 3 juillet, de confirmer le successeur d’Édouard Philippe dans ses fonctions dans les colonnes du magazine ELLEEt ce, en dépit de la claque reçue par LREM aux élections régionales. Une douche froide électorale que les Français ne mettent par sur le dos du locataire de Matignon.

82% des Français voulaient garder Castex 

Selon un sondage YouGov réalisé pour Le HuffPost après les élections régionales, l’option d’un remplacement de Jean Castex en réaction des mauvais résultats de la majorité présidentielle ne séduisait que 18% des personnes interrogées. Une relation stable avec les Français confirmée par notre baromètre Yougov sorti ce vendredi 2 juillet. Jean Castex y voit sa cote de popularité quasiment stagner, baissant de deux points pour arriver à 29% d’opinions favorables, soit exactement le même score qu’au moment de sa nomination.

Un chiffre qui traduit une certaine régularité pour le locataire de Matignon, sa cote n’ayant jamais vraiment plongée ou fait de bonds spectaculaires durant un an d’exercice. Cette constance peut s’expliquer par une personnalité plutôt lisse, à l’inverse de celle de son prédécesseur qui -plus politique- pouvait entrer en concurrence avec le chef de l’État. La diffusion dimanche 4 juillet sur du film “Édouard, mon pote de droite” sur France 5 ne manquera pas d’ailleurs de relancer les spéculations sur les éventuelles ambitions présidentielles d’Édouard Philippe. 

 

À l’inverse, le “monsieur décofinement” devenu “monsieur reconfinement” n’a jamais donné l’impression de jouer une autre partition que celle de la gestion de la crise et du pilotage de la relance. Un rôle qui, au regard de la fragilité de la situation sanitaire, pourrait être amené à durer. Dans les couloirs du pouvoir, certaines réflexions à voix haute sonnent déjà comme celles de l’été dernier. Y aura-t-il un nouveau confinement cet automne? “On ne peut jamais dire jamais”, prévient-on d’emblée dans l’entourage du Premier ministre. Selon nos informations, le gouvernement planche sur un nouveau projet de loi pour le mois de septembre pour prolonger celui sur le pass sanitaire qui arrive à expiration le 30 septembre. “Rien n’est écarté, tout est sur la table”, entend-on encore dans les ministères dans ce qui ressemble à une demi-sortie crise et de reproduction de la rentrée 2020.

 

"On ne peut jamais dire jamais" à propos d'un quatrième confinementEntourage du Premier ministre

 

À ceci près que le Premier ministre pourrait avoir tiré les leçons des erreurs de l’année passée, notamment sur le manque de consultation ainsi que sur une centralisation trop importante des prises de décision, ce que lui a plusieurs fois reproché l’opposition durant l’année. 

Jean Castex a prévu de voir tous les présidents des groupes parlementaires courant juillet pour entendre leurs avis sur les façons d’inciter la population française à se faire vacciner et sur la possible obligation à venir, notamment des soignants. Autre évolution, la volonté de laisser aux ARS et aux préfets plus de marges de manœuvre sur la campagne de vaccination. Et les résultats sont arrivés vite, à l’image de cette campagne de l’ARS Paca, lancée le 1er juillet et saluée sur les réseaux sociaux. 

 

À Matignon, on le sait, l’année de Jean Castex sera forcément soumise aux aléas sanitaires. “Si on arrive à la rentrée avec 5000 personnes en réanimation, ce sera forcément à prendre en compte pour l’agenda social et économique”, confirme l’entourage du Premier ministre. Contrairement à son prédécesseur, Jean Castex ne fait pas de la réforme des retraites la pierre angulaire de son action. “Il est plutôt sur une ligne prudente”, reconnaît une source au sein de l’exécutif, “même s’il y a évidemment une volonté d’avancer”. Contrairement à Édouard Philippe, Jean Castex n’entrera pas non plus dans un bras de fer à ciel ouvert avec le locataire de l’Élysée à qui il parle du sujet, mais dans la plus stricte confidentialité.

180 déplacements en un an

Pour cette dernière année, l’ancien maire de Prades, 56 ans, aura sans doute à cœur de continuer à s’épaissir politiquement. “Il a bien progressé aux questions au gouvernement”, note un conseiller ministériel.

Il devrait continuer à balayer le territoire par ses innombrables déplacements qui s’élèvent à 180 au total depuis un an, soit près de quatre par semaine. Il faudra aussi conserver la confiance du président pour ne pas être remercié avant la présidentielle. Car s’il est confirmé dans ses fonctions “dans les prochains mois, ou semaines”, selon les mots du président dans ELLE, la porte de sortie n’est jamais loin dans l’”enfer de Matignon”.

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