Dans les grottes de Fouvent-le-Bas ont eu lieu des fouilles, du 22 mai au 12 juin, menées par le professeur Agnès Lamotte, préhistorienne à l’université de Lille et originaire de la région.
Avec son équipe de 23 chercheurs français, hongrois, belges, polonais, répartis dans neuf grands laboratoires du CNRS, et des étudiants des universités de Strasbourg, Nancy et Lille, elle a dégagé près de 250 ossements et dents des faunes glaciaires disparues.
L’équipe est venue sortir une défense de mammouth vieille d’environ 23 000 ans qui n’a pu entièrement être exhumée lors de la fouille de 1992 menée à l’époque par Jean Detrey, Denis Morin et Gilles Huguenin. C’est chose faite, elle mesure près de 80 cm et est partiellement endommagée par les racines d’un noyer situé au-dessus de la cavité.
Lions des cavernes, chevaux des steppes…
Mais l’équipe n’allait pas s’arrêter là, pour cette campagne de fouilles, des restes de hyènes des cavernes, renards polaires, mammouths, rhinocéros laineux, lions des cavernes et chevaux des steppes ont été dégagés avec patience et ont été enregistrés à l’aide d’un tachéomètre 3D restituant les informations en trois dimensions. Les animaux découverts sont de tout âge, ils sont jeunes ou adultes.
Le chantier archéologique a fait des heureux car le site se visitait sur rendez-vous chaque mercredi et chaque vendredi et c’est avec grande admiration qu’Agnès Lamotte a pu apprécier le discours maîtrisé de ses étudiants transformés en guides-conférenciers : historique des recherches de 1989-1992, visite du boyau avec divers niveaux archéologiques en place, cours accéléré sur la reconnaissance des principales catégories de carnivores et grands mammifères de l’époque.
Une programmation à quatre ans ?
Devant le succès des découvertes et l’intérêt scientifique du gisement, au niveau régional et national, avec un record de présence de mammoutheaux dans la plaine du Vannon, la responsable espère renouveler l’opération avec une programmation des fouilles à quatre ans. Elle veut aussi fédérer ses chercheurs sur les lieux. Pour l’heure, chaque spécialiste prend son rôle à cœur : datation des sols d’habitat, des faunes, reconstitution des paysages passés, compréhension des outils, armes taillées par Néandertal et Cro-Magnon. Le rêve de tout archéologue : trouver des restes humains pour transformer la maison qui jouxte le site, actuellement en vente, en musée de site.
La société “Instadrone”, équipée de drones thermiques, a survolé la zone et a pu dresser une carte du potentiel de cavités karstiques réparties le long de l’escarpement naturel entre Fouvent-le-Bas et Fouvent-le-Haut. Les résultats prometteurs de couloirs, salles, diverticules souterrains laissent présager d’heureux projets pour des décennies et des générations d’archéologues.
Devant la gentillesse des habitants de Fouvent et des villages alentour en Haute-Marne, Agnès Lamotte souhaite vivement remercier toutes les personnes et commerces qui ont contribué de près ou de loin au succès de ces trois semaines malgré les conditions sanitaires strictes liées à la Covid.
De notre correspondante Betty Charnotet
L’article Archéologie : mammouths et compagnie aux grottes de Fouvent-le-Bas est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
0 Commentaires