Mary Simon, 1re femme autochtone gouverneure générale du Canada

Mary Simon, 1re femme autochtone gouverneure générale du Canada (photo du 24 octobre 2009)

INTERNATIONAL - Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a choisi de nommer ce mardi 6 juillet au poste de gouverneure générale l’Inuite Mary Simon, qui devient donc la nouvelle représentante de la reine Elizabeth II au Canada, une décision à forte portée politique et symbolique, prise en plein scandale des pensionnats pour autochtones.

Mary Simon est la première femme autochtone à ce poste, s’est réjoui le chef du gouvernement canadien lors d’un point presse. “Aujourd’hui, après 154 ans, notre pays franchit une étape importante. Je ne vois pas de meilleure personne pour le moment”, a lancé Justin Trudeau, dont le pays est endeuillé par la découverte de plus d’un millier de tombes anonymes près d’anciens pensionnats pour autochtones.

Née en 1947, cette Inuite originaire du Nunavik (nord du Québec) a notamment été une “défenseuse des droits et de la culture” de ce peuple, selon Trudeau. Première ambassadrice canadienne aux Affaires circumpolaires, elle a aussi été ambassadrice du Canada au Danemark.

“Un moment historique et inspirant”

Celle qui sera la 30e à occuper ce poste de représentant de la reine d’Angleterre, cette dernière restant officiellement la cheffe d’État du Canada, a salué une “opportunité historique” en remerciant le chef du gouvernement canadien. “Je peux dire avec confiance que ma nomination est un moment historique et inspirant pour le Canada, et un pas important vers le long chemin de la réconciliation”, a-t-elle souligné.

“Le rôle de gouverneur général dans notre système parlementaire est symbolique mais c’est aussi un rôle extrêmement important” en vue de “rassembler les Canadiens”, lui a fait écho Trudeau, qui avait fait de la réconciliation avec les peuples autochtones l’une de ses priorités.

Mary Simon succède à Julie Payette, qui avait démissionné en janvier après des accusations de harcèlement. Le gouverneur général est habituellement nommé pour cinq ans mais la durée de son mandat est à la discrétion de la reine d’Angleterre. Le choix de Simon a été salué jusque dans l’opposition, son leader Erin O’Toole saluant sur Twitter “un jour important à la fois pour notre pays dans son ensemble et pour les peuples autochtones en particulier”.

Le Canada en deuil

L’annonce de la nomination de Simon intervient en pleine déflagration au Canada du scandale des anciens pensionnats pour autochtones, ces établissements où des dizaines de milliers d’enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force de la fin du 19e siècle aux années 1990, écartés de leurs familles et de leur culture.

Nombre d’entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4000 y ont trouvé la mort, selon une commission d’enquête qui avait conclu à un véritable “génocide culturel” de la part du Canada.

Ces dernières semaines, des découvertes de tombes ou de dépouilles d’enfants près de plusieurs de ces pensionnats sont venues choquer le pays, chaque fois plus profondément. Plusieurs centaines de sépultures anonymes ont ainsi été découvertes en Colombie-Britannique à la fin mai, puis 751 autres fin juin en Saskatchewan (ouest).

Comme une reconnaissance de l’importance du moment, Justin Trudeau doit aussi rencontrer mardi après-midi Cadmus Delorme, le chef de la nation de Cowessess, à l’origine de la découverte des tombes en Saskatchewan.

Attentes d’excuses officielles

Ces macabres découvertes ont alimenté la colère, ainsi qu’un besoin de voir le pape et l’Église présenter des excuses officielles pour les abus et violences dont ont souffert les élèves de ces pensionnats gérés par l’Église catholique pour le compte du gouvernement canadien.

Avatar de cette indignation, des dizaines d’églises catholiques ont été incendiées ces dernières semaines au Canada. Et signe que l’institution religieuse n’est pas la seule jugée pour responsable, des statues des reines Victoria et Elizabeth II ont été déboulonnées le 1er juillet, jour de la fête nationale du Canada.

Cette commémoration, qui marque l’anniversaire de la Confédération canadienne et s’est tenue cette année en dépit des appels à annuler les célébrations, a fait l’objet de nombreuses manifestations à travers le pays afin de “dénoncer le génocide”.

Condamnant des “actes de vandalisme”, Justin Trudeau a néanmoins dit comprendre “la colère, contre le gouvernement fédéral, contre des institutions comme l’Église catholique”.

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