Après la diffusion de "Unplanned" sur C8, le CSA saisi

MÉDIAS - La polémique autour du film controversé Unplanned se poursuit. Ce mardi 17 août, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a annoncé au HuffPost avoir reçu des signalements, à la suite de la diffusion, ce lundi dans la soirée, du long-métrage anti-IVG sur C8.

“Nos équipes procèderont à un visionnage du film diffusé à l’antenne ainsi qu’à son examen au regard des règles juridiques applicables afin de déterminer s’il y a eu manquement à ces règles. En fonction, le collège du CSA décidera ou pas d’intervenir auprès de l’éditeur”, nous a-t-on précisé.

Depuis l’annonce de la retransmission du long-métrage, sorti aux États-Unis en 2019, un vent de colère souffle en France. Ce lundi, les ministres Élisabeth Moreno et Marlène Schiappa ont à leur tour pris la parole pour dénoncer cette initiative de la chaîne du groupe Bolloré. 

La ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes souligne qu’il s’agit “d’un outil de propagande anti-avortement abject”, rappelant que l’IVG est “un droit fondamental” et “inaliénable pour toutes les femmes”.

“Non à l’entrave, non à la culpabilisation”, a martelé, de son côté, Marlène Schiappa, profitant de ce tweet pour partager des numéros visant à informer sur l’IVG.

La secrétaire d’État Nathalie Elimas déplore “un combat sans fin”, citant une célèbre phrase écrite par Simone de Beauvoir dans Deuxième sexe.

Une production controversée

L’histoire d’Unplanned, inspirée de faits réels, est celle d’une certaine Abby Johnson. Porte-parole puis directrice de l’antenne texane du Planned Parenthood à Bryan, aux États-Unis, elle assiste, un jour, à l’avortement d’une jeune femme, alors enceinte de treize semaines. Contrairement aux interventions auxquelles elle a participé par le passé, celle-ci la chamboule. Elle est traumatisée et décide, dans la foulée, de démissionner de son poste pour s’engager dans la lutte contre l’IVG.

À sa sortie en salles, le film a connu un certain succès de l’autre côté de l’océan, notamment auprès des détracteurs de l’IVG, comme l’ancien vice-président de Donald Trump, Mike Pence, qui voit dans ce phénomène une reconnaissance “retrouvée” des Américains pour “le caractère sacré de la vie”.

Produit par une société évangéliste, il a ainsi généré 12 millions de dollars de recettes. Ce, alors même que plusieurs États, comme le Mississippi, le Kentucky et la Géorgie, interdisaient au même moment les avortements dès qu’un battement de cœur pouvait être détecté chez le fœtus.

Chez C8, pas une première

Le bandeau contextuel, qui avait notamment été réclamé par une pétition signée par près de 20.000 personnes le jour de la diffusion, n’a semble-t-il pas convaincu tout le monde. Pour le site des Jours, c’est “un avertissement faux-cul”. “Et non ça n’engage pas que son auteur, mais aussi la chaîne qui décide de le diffuser”, précise le média dans un tweet.

Le film, diffusé à une heure de grande écoute, n’est pas la première polémique à ce sujet de la chaîne de Vincent Bolloré, pratiquant catholique qui n’a jamais caché ses convictions conservatrices. En 2018, Cyril Hanouna avait animé un débat dans “Balance ton post” autour de la question: “Pour ou contre le droit à l’IVG en France?”, alors même que l’entrave à l’IVG est un délit, condamnable à deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

De plus, il a été diffusé au lendemain d’une messe en direct, diffusée sur C8 dimanche 15 août et célébrée par l’évêque du Diocèse de Fréjus Toulon, Dominique Rey. Connu pour son combat contre le mariage pour tous et l’IVG, c’est également un proche de Courage, une association pratiquant les thérapies de conversion.

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