La phrase avait fait sensation. C’était en 2002 à Johannesburg. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », avait déclaré Jacques Chirac. Dans la bouche d’un politique, pareille formule est souvent perçue comme un coup de com. Mais cette fois-ci l’ancien président de la République avait visé juste. Des forêts entières sont la proie des flammes. En Californie des milliers de pompiers sont mis en échec par le « Dixie Fire ». Plus près de nous, en Grèce, le feu se rapproche des sites archéologiques et de la capitale. Le rapport du GIEC qui sera présenté officiellement aujourd’hui confirmera ce que l’on pressentait depuis plusieurs années. Le dérèglement climatique va s’aggravant. Le constat est implacable : les prévisions les plus pessimistes paraissent bien tièdes. Il restera toujours des sceptiques enfermés dans leur casuistique qui persistent à nier l’origine humaine des bouleversements actuels. L’urgence n’est plus aujourd’hui dans la généalogie des causes, mais dans les moyens pour arrêter le feu ici, et la folie des eaux ailleurs.
Les phénomènes s’accélèrent : les oscillations entre les extrêmes donnent lieu à de violents retours de balancier. Plus rien n’est exclu. Certains chercheurs craignent un sévère affaissement du Gulf Stream qui bouleverserait notre mode de vie. Le pire n’est jamais sûr, c’est vrai, mais le danger est bien là, avec des catastrophes qui deviennent la norme. L’humanité ne peut pas se réfugier dans de grandes épopées vers la Lune et vers Mars en reculant devant le front des intempéries et des incendies monstres. Inutile d’imaginer un seul instant un retournement rapide du dérèglement climatique. Il faudra compter sur son inertie. Mais rien n’interdit dans l’intervalle une gestion rigoureuse de nos massifs forestiers. Il faut un début à tout.
L’article Il y a le feu – L’édito de Patrice Chabanet est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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