"La Pat' Patrouille" a envahi la vie de ces parents, ils nous racontent

Chase et son équipe de chiots partent à la conquête du grand écran.

CINÉMA - Rien n’est trop dur, les chiots assurent. Ce mercredi 11 août, Ryder et les canidés intrépides de La Pat’ Patrouille reprennent du service. Non pas sur petit écran, mais bien au cinéma, à l’occasion de la sortie du premier long-métrage adapté de la célèbre série d’animation pour enfants.

Chase, Ruben, Stella, Marcus et toute la bande partent, dans cette nouvelle aventure long format, à la rescousse des habitants de la ville voisine où le maire, Monsieur Hellinger, semble bien décidé à semer la zizanie. À leurs côtés, une nouvelle alliée: Liberty, une teckel débordant d’énergie, au flair, semble-t-il, très aiguisé.

Le pitch est séduisant. Du moins, quand on est un enfant. “Quand ils ont vu la bande-annonce au cinéma, ils sont devenus dingues, nous confie Gloria, maman de deux petits garçons de 6 et 4 ans. C’est dire l’emprise de ce dessin animé sur eux.”

Ils ne sont certainement pas les seuls. Depuis sa première diffusion en 2014 sur TF1, le programme canadien n’a cessé de gagner en popularité. Retransmis dans 170 pays en 30 langues, il figure dans le top 10 des programmes les plus consultés sur Netflix, depuis le premier confinement. D’après une étude du fabricant de jouets Spin Master, relayée par Le Parisien, 90% des garçons âgés entre 4 et 10 ans connaissent La Pat’ Patrouille. Les filles, elles, sont 83%.

“C’est délirant”

Chez Gloria, c’est à la télévision que Matteo et Eliot l’ont découvert, “le matin avant d’aller à l’école”. Pour d’autres, c’est dans la cour de récré. Agathe, qui n’a que 3 ans, a commencé à en parler à ses parents, sans même avoir regardé une seule fois le dessin animé. Ce sont ses copains qui lui ont transmis leur passion. “Ensemble, ils jouent à se donner des missions comme dans la série, glisse sa mère, Marine. Chacun pioche un personnage. Elle, c’est toujours Stella.”

Au supermarché, dans un magasin de jouets, chez Zara, H&M ou Primark, impossible d’échapper aux produits dérivés. Au grand dam de Dinah, maman d’un petit Joseph. Son premier contact avec La Pat’ Patrouille ne s’est pas fait à la télé, ni même à la crèche. “Un jour, ma soeur lui a offert un camion du dessin animé, se souvient-elle. La maman d’un copain, une autre voiture et des livres. Un peu plus tard, il a passé deux jours chez sa grand-mère. Il est revenu avec un puzzle et une gourde. Depuis, c’est devenu ingérable.”

Comme Agathe, Joseph, qui n’a que 2 ans et demi, n’a jamais visionné un épisode. Pourtant, la musique du générique le met dans tous ses états. Elle dure un peu moins de 40 secondes. Sur la route des vacances, il a fait plier ses parents. Ensemble, ils l’ont écoutée pendant 40 minutes non stop dans la voiture. “C’est délirant”, se désole Dinah. 

4 millions de livres vendus

Les figurines et leurs véhicules se vendent bien, très bien. Au mois de mars dernier, la vente a bondi de 65% par rapport au premier trimestre de 2020. L’entreprise torontoise qui les fabrique a récemment vu ses revenus grimper grâce aux excellentes ventes de produits de La Pat’ Patrouille. Dans le secteur des livres en France, la quarantaine de titres édités par Hachette Jeunesse s’est écoulée à quatre millions d’exemplaires depuis leur commercialisation en 2015, selon Le Parisien.

Le marketing autour du dessin animé s’invite partout. Sacs à dos, montres, tee-shirts. Chez Gloria, c’est dans le dressing des enfants. “Bon, je leur dis qu’ils peuvent porter ça en pyjama, dehors un peu moins”, concède-t-elle.

Chez Mathieu, papa d’un petit garçon de 4 ans, c’est sur la table de chevet que trône un réveil à l’effigie du programme. “Là où nous sommes en vacances, il a absolument voulu une peluche Zuma dans une des machines à pinces d’un complexe de jeux, nous raconte le père de famille. J’ai dépensé 20 euros en jetons pour réussir à lui attraper.” La Pat’ Patrouille s’est introduit dans le quotidien de ces parents. “J’ai pas mal regardé le dessin animé avec lui sur Netflix, explique Mathieu. On a commencé à jouer à la console ensemble après lui avoir acheté l’un des jeux disponibles sur Switch. Il fait avancer le personnage et moi je saute, je l’aide quand c’est trop dur.”

Imiter Ruben pour mieux ruser

Chacun y trouve son compte. À la maison, Renée a, elle, mis en place un stratagème fort rusé pour tirer profit de la passion débordante de son fils de 6 ans. Il y a un an, elle a fait la rencontre de la doublure française de Ruben sur le tournage d’une émission qu’elle anime. Estomaquée, elle lui a alors demandé d’enregistrer un message vocal pour son bambin. Ce talent d’imitatrice, elle a appris à le reproduire.

“Quand il traîne des pieds pour faire quelque chose, comme ranger sa chambre, se brosser les dents ou enfiler son pyjama, je prends la voix de Ruben, nous raconte la journaliste. Ça le fait marrer. Du coup, il bronche moins et s’active à ce qu’il ne voulait pas faire au départ.”

Dinah est moins convaincue. “Je subis cette folie”, confesse la styliste. Avec le père de Joseph, elle dit ne trouver aucun point d’accroche dans ce dessin animé, “pas comme quand on regarde un Disney ou Mon voisin Totoro”. Là, “c’est épileptique, les couleurs sont saturées et les voix nasillardes”. Un constat partagé par le papa de la petite Agathe. Il déteste. “C’est niais, c’est mal fait et ce n’est pas drôle”, observe-t-il, amer. 

“C’était sa caféine”

La mère de la petite fille, elle, nuance. “Au moins, tu peux laisser ton enfant devant l’esprit serein, sans avoir peur qu’il se passe un truc horrible à l’écran qui pourrait déclencher des cauchemars pendant trois semaines”, souffle Marine. La Pat’ Patrouille est un dessin animé bienveillant, il n’y a aucun méchant ni de raison d’avoir peur. “Bon, s’il veut le regarder tout seul plus tard, j’accepterai, relativise Dinah. J’ai bien regardé Dragon Ball Z plus jeune, ma mère n’ayant pas forcément été d’accord.”

“C’est pas le pire des dessins animés, constate Renée à son tour. Globalement, j’ai pris le parti de respecter ses goûts. Je me dis qu’il y a un âge pour tout. Si ça le rend heureux, c’est que ça doit résonner en lui. Ça doit réveiller son âme de chiot, que sais-je.”

Elle ajoute: “Je trouve ça très facile de juger alors que nous-mêmes, en tant qu’adultes, on a nos petits pêchés mignons. Ça m’arrive de regarder des trucs pas très malins, ce qui ne m’empêche pas de me faire une toile dans un cinéma d’art et d’essai.”

Aujourd’hui, son fils a “grandi”. Il parle du programme avec dédain, il renie. Ce qu’il préfère désormais, ce sont les Pokémon. La Pat’ Patrouille, c’est du passé. Enfin, presque. “Il m’a dit que s’il y avait une nouvelle saison, il pourrait la regarder, s’amuse la maman du garçon. C’était sa caféine à lui. Il faut pas grand chose pour relancer son addiction.” Un film peut-être?

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