POLITIQUE - Deux nuances de vert. Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, finalistes de la primaire écologiste qui connaîtra son dénouement ce mardi 28 septembre, divergent davantage dans la rhétorique et le style que dans leurs programmes respectifs, malgré des priorités qui ne sont pas les mêmes.
“Nous avons le programme des écologistes en commun”: cette déclaration de Yannick Jadot, répétée dans plusieurs débats télévisés, n’est pas qu’une posture pour situer le choix dans la seule personnalité et donner la prime à sa notoriété.
Car dans les faits, le candidat désigné reprendra bel et bien à son compte le “projet” des écologistes. “Ce projet donne les incontournables, il donne un cadre ferme”, explique la numéro 2 d’EELV Sandra Regol à l’AFP. Mais, souligne-t-elle, “il y a peu de chiffrage, il n’est pas directif, chacun peut donc rajouter ses priorités et sa méthode”.
Transport, rénovation, énergie...
Dans leur profession de foi détaillée sur leur site internet, les deux candidats s’accordent sur une fiscalité carbone étendue à tous les secteurs, sur un investissement massif de l’État pour enclencher la transition écologique, notamment dans les transports et le développement des énergies renouvelables, sur la rénovation thermique des logements et établissements publics, la fin de la voiture diesel et à essence à moyen terme, la réorientation de l’agriculture vers un modèle paysan, un revenu universel, etc.
Au rayon des différences nettes dans leurs programmes, Sandrine Rousseau, chantre de l’”éco-féminisme” qui assume sa “radicalité”, mentionne la nécessité sociétale d’une “réduction de l’utilisation d’énergie”, contrairement à Yannick Jadot, tenant d’une ”écologie de gouvernement”.
Sur l’emploi, l’eurodéputé, tête de liste EELV aux élections européennes de 2019, propose la création de 300.000 emplois aidés dans les secteurs d’avenir, alors que sa rivale insiste sur la réduction du temps de travail à quatre jours par semaine pour mieux le “répartir”.
Côté institutions, l’ancien directeur de Greenpeace France prône le passage à un septennat non-renouvelable avec la proportionnelle aux législatives, tandis que l’économiste souhaite une “nouvelle République”, fondée par une assemblée constituante avec, pour principes directeurs, la participation des citoyens et un pouvoir accru au Parlement.
Écologie des “solutions” ou des “vérités?”
Sur l’Europe, Yannick Jadot veut renforcer le couple franco-allemand via une “union d’action”, qui reposerait en partie sur une “convention citoyenne à parité franco-allemande”. Aucune mention de l’Allemagne chez Sandrine Rousseau, qui au contraire veut s’attaquer au statut d’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE), qui serait responsable devant un Parlement européen aux pouvoirs étendus.
Mais nul inventaire à la Prévert ne saurait signifier les divergences bien réelles entre les deux candidats, prévient-on dans l’entourage de Sandrine Rousseau: “C’est normal qu’il y ait des similitudes, on s’est engagé pour la défense d’un programme commun. En revanche, on diverge sur les priorités. Sandrine Rousseau veut un changement fort de société, et pas juste un changement par l’écologie”.
L’”éco-féminisme” de la candidate est ainsi une conception globale de la société, basée sur la nécessité “radicale” de faire disparaître les dominations de toutes sortes: sur la nature, les femmes, les pauvres, les discriminés, etc. Le capitalisme est clairement visé.
De son côté, Yannick Jadot dit croire au rôle moteur des entrepreneurs. Il s’attache à promouvoir l’écologie, rien que l’écologie. L’eurodéputé est convaincu, et c’est peut-être leur plus grande divergence, de la nécessité d’insister sur les vertus positives et rassembleuses, résumées par sa formule d’”écologie des solutions”.
Sandrine Rousseau, elle, déclare qu’il faut assumer de “dire la vérité” sur les contraintes engendrées par la transformation de la société. Elle explique, par exemple, que les classes moyennes comme les classes les plus riches doivent accepter une diminution de leur train de vie. Ou encore qu’il faut augmenter le litre d’essence de 6 à 10 centimes par an -qu’elle souhaite compenser par le développement des transports publics et un revenu d’existence-.
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