DÉFENSE - C’est la première fois qu’il répondait aux questions de la presse sur ce dossier brûlant. L’alliance AUKUS nouée par l’Australie avec les États-Unis et le Royaume-Uni, qui prive la France d’un contrat pour la fourniture de sous-marins aux Australiens, “ne change en rien la stratégie indopacifique de la France, a affirmé Emmanuel Macron ce mardi 28 septembre.
Cette stratégie a été “annoncée début 2018 en Inde, nous avons plusieurs partenaires dans la région” et “la France est une puissance indépendamment de tout contrat puisque nous avons un million de compatriotes qui vivent dans cette région et plus de 8.000 soldats qui y sont déployés”, a déclaré le président français lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.
“Conséquences limitées”
Précisant que le contrat portait de toute façon sur la création d’une sous-marinade en Australie, et pas en France, le chef de l’État a ajouté que “les conséquences” de l’affaire étaient quoi qu’il en soit “limitées pour l’industrie française”.
Affaire des sous-marins: pour Emmanuel Macron, "les conséquences pour l'industrie française sont limitées" pic.twitter.com/oloEnR6vau
— BFMTV (@BFMTV) September 28, 2021
Emmanuel Macron a par ailleurs égratigné son allié américain, quelques jours après un entretien avec un Joe Biden largement critiqué par la classe politique française après la polémique. Pour le président français, “si les États-Unis sont un grand allié historique de la France, et un allié au niveau des valeurs, depuis plus de dix ans, il se concentrent beaucoup sur eux-mêmes et ont des intérêts stratégiques qui se tournent vers la Chine et le Pacifique”.
“Nous serions naïf à ne pas en tirer toutes les conséquences”, a conclu de son analyse Emmanuel Macron, insistant sur la nécessité pour les Européens d’assumer leur propre protection. Sans forcément se distancier des Américains, mais en prenant en compte une donne dans laquelle ils doivent être davantage responsables de leur sécurité.
Un contrat passé avec la Grèce
Une prise de parole conjointe avec le Premier ministre grec qui a en outre permis au président de la République d’annoncer la vente de trois frégates à la Grèce dans le cadre du renforcement du “partenariat stratégique” entre les deux pays.
L’acquisition par la Grèce de trois frégates Belharra qui seront construites en France, à Lorient, pour plusieurs milliards d’euros, est un “témoignage de confiance et de démonstration de la qualité de l’offre française”, a déclaré Emmanuel Macron à l’Élysée à l’issue de la signature. Kyriakos Mitsotakis a précisé que le contrat portait aussi sur une option pour une frégate supplémentaire, en précisant que cet accord répondait “aux besoins de la marine grecque”.
Avec la Grèce, nous actons aujourd’hui un partenariat stratégique de coopération en matière de défense et de sécurité. Il vient renforcer notre sécurité collective, notre autonomie stratégique et notre souveraineté européenne. pic.twitter.com/YSkaK4YkZ6
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 28, 2021
Le programme d’armement grec, en plein essor, vise à contrer les provocations turques dans l’Est de la Méditerranée, contre lesquelles la France est un des rares pays de l’UE à avoir protesté publiquement ces derniers mois. Le président français a souligné que ce partenariat renforcé représentait donc un “premier pas audacieux vers l’autonomie stratégique européenne” qu’il tente de porter.
Un but commun
Athènes avait lancé l’an passé un appel d’offres pour quatre frégates et la rénovation de ses frégates Hydra. La société française Naval Group y avait participé et était opposée à l’allemand TKMS, au néerlandais Damen, à l’italien Fincantieri et à l’américain Lockheed Martin.
Plus tôt ce mois-ci, Kyriakos Mitsotakis avait déjà annoncé l’achat surprise de six chasseurs français Rafale, en plus d’un précédent contrat à 2,5 milliards d’euros, signé en janvier, pour 12 Rafale d’occasion et six neufs.
L’accord signé ce mardi “contribue à protéger la sécurité, la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de nos deux États, tout en promouvant la sécurité, la stabilité et la prospérité dans des régions d’intérêt commun”, a déclaré Emmanuel Macron.
“Il s’inscrit en parfaite en cohérence et dans le plein respect de nos engagements à l’UE et à l’Otan, en en renforçant l’effectivité pour la protection de nos territoires et en nous permettant d’agir plus efficacement et de façon plus coordonnée ensemble pour la paix et la sécurité en Méditerranée, au Moyen-Orient, en Afrique et dans les Balkans”, a-t-il ajouté.
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