En étant gracieusement mise à disposition des organisateurs d’activités associatives ou apparentées, c’est en chuchotant qu’on se plaignait de l’état de la salle Adam. Maintenant que son utilisation semble devoir être facturée, les trous dans ses murs pourraient déplacer le grief sur la place publique. D’autant que le Covid a éreinté le moral de ses usagers.
En 2020, l’épidémie de Covid-19 et, tout à la fois, sa machine à générer de l’anxiété taillent rudement dans les effectifs du Coeur et santé -pour rappel, il s’agit d’un club, qui, en dépendant de la fédération française de cardiologie, n’a pas d’entité juridique autonome. La responsable de la structure Nelly Guindot le dit tout net : « ça a été la totale ». L’époque à laquelle le club se prévalait de 350 membres semble tout à coup lointaine : les voilà rendus deux centaines. Pour exemple, après avoir encaissé les cotisations aquagym de ses adhérents au printemps, Coeur et santé les a remboursées, les cours ayant été dispensés un mois et demi en 2020. Après la tempête Covid, la trésorerie nécessite un pilotage de fée fourmi. Coeur et Santé rompt ainsi la convention avec Langres natation 52 pour en signer « directement » une nouvelle avec le Grand Langres. Jusqu’à cette année 2021, le club de sport santé n’a jamais perçu de subvention. Un, parce que Nelly Guindot « n’en a jamais demandé ». Sachant, Deux, qu’au regard du statut intriqué du club avec celui de la fédération, « monter un dossier est difficile ». Reste que les conséquences palpables de la crise sanitaire pourraient la conduire à s’y mettre. Décidément, les temps sont durs pour ceux qui proposent librement des activités.
« Cœur et santé n’est pas un club sportif »
Si l’exemple de l’activité piscine est parlant, cette activité est marginale au sein de l’offre Coeur et santé. En effet, c’est avant tout la marche qui fait… son cœur d’activité -à deux rythmes différents : marche paisible sur des parcours de 5 à 7 km (le mardi après-midi), plus soutenu sur des parcours de 7 à 10 km (le vendredi après-midi). « On n’organise plus de marches toniques, comme la marche nordique. C’est trop sportif ». Or, Nathalie Guindot le martèle. « Cœur et santé n’est pas un club sportif, on fait faire du sport à des personnes qui rencontrent des problèmes de santé -de nature cardiaque initialement ». Toutefois, la responsable tient à « accueillir tout le monde », c’est-à-dire toute personne qui souffre ou se remet lentement d’une maladie grave. Ce n’est pas tout. Le club propose également des séances de gymnastique, exceptionnellement encadrées par une monitrice salariée(1). Elles sont dispensées salle Adam, rue Jean Tabourot.
« Ce n’est quand même rien de refaire une salle adoptée par tous depuis longtemps »
« La salle Adam est bien située, équipée de toilettes, et la Ville a refait le sol lors de la précédente mandature ». C’est Nelly Guindot qui, comme « les dalles se décollaient », avait, au nom de la sécurité des adhérents fragiles de Cœur et santé, demandé au premier magistrat d’alors s’il était envisageable de réaliser cette réfection. Le maire Sophie Delong l’avait entendue. « Depuis ces travaux, je ne me plains pas de cette salle, qui est en outre chauffée ». Sans compter que le circuit entrée-sortie (deux portes distinctes) respecte « impeccablement » les consignes sanitaires. Reste que… et elle n’est pas la seule responsable de structure occupante à le pointer, « ce sont nos affiches qui bouchent les trous dans les murs ». Au moins l’air est-il renouvelé… En clair, la salle Adam aurait besoin de bien plus qu’un ripolinage. L’affaire n’est au demeurant pas nouvelle, la responsable de Cœur et santé l’avait pour sa part constaté dès 2014. Cependant, le 24 mai dernier, Nelly Guindot a écrit au maire de Langres Anne Cardinal pour savoir si, « comme c’est la tradition depuis plus de dix ans », le club pouvait toujours l’utiliser. Il a suffi de quatre jours à la Ville pour donner son feu vert, en contrepartie d’une attestation d’assurance (qu’elle réceptionnera en suivant). Mais en introduisant une nouvelle règle du jeu : un prochain courrier est annoncé pour renseigner sur la grille tarifaire.
À la sortie de l’entaille Covid-19, l’information tombe mal. Elle fait de plus écho à une petite vexation : « le maire Anne Cardinal ne s’est pas déplacé au forum des associations, ni l’élue dédiée Patricia Guérin ». Dans un contexte morose pour les organisateurs d’activités de loisirs, les trous dans les murs de la salle Adam leur semblent encore plus grands. « Ce n’est quand même rien de refaire cette salle adoptée par tout le monde depuis longtemps ». Pas question pour autant de monter la plainte en mayonnaise. « En plus de ses avantages, cette salle est très propre ». Reste à découvrir le contenu de la nouvelle convention d’occupation, sachant qu’une année de mise à disposition équivaut à la période courant du 1er septembre au 30 juin. À savoir si l’état de ladite salle, dont on n’osait se plaindre parce que sa mise à disposition était gratuite, sera cette fois plus aisément évoqué, voire versé au débat public.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
(1) Le fonctionnement du club repose très majoritairement sur les bénévoles -quand bien même ceux-ci doivent en outre être titulaires du PSC1, et équipés d’un défibrillateur de sorte de sécuriser les marches hebdomadaires.
Pratique : il est toujours temps de devenir membre de Coeur et santé, en contactant Nelly Guindot : ses coordonnées figurent sur le site web du club .
L’article Salle Adam à Langres : est-il encore utile de taire son état ? est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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