Les catholiques pratiquants ont été prévenus dans leurs paroisses : le rapport d’enquête sur la pédophilie au sein de l’Eglise qui sera présenté aujourd’hui va provoquer une déflagration. Au moins 10 000 victimes – et sans doute plus – ont été recensées depuis 1950. Assez régulièrement, des scandales remontaient à la surface de l’actualité, mais l’ampleur du phénomène n’avait jamais été mesuré. La frange conservatrice de l’Eglise ne voulait rien voir, encore moins faire savoir. L’élection du pape François a complètement changé la donne : plus question de couvrir les actes des brebis galeuses, surtout quand elles ont charge d’éducation. Aux Etats-Unis de fortes indemnisations ont été allouées aux victimes. Mais que peut faire l’argent pour guérir une enfance saccagée ? Le passage vers l’adolescence et l’âge adulte est obstrué par les turpitudes commises par ceux censés répandre la pureté morale. La charité chrétienne perd sa signification, l’exemplarité devient un concept vidé de son sens.
Une fois de plus la question du célibat des prêtres va se poser. Dans un monde où le sexe s’est affranchi de tous les tabous la sexualité des prêtres est sans doute vécue comme une contention difficilement supportable. Qu’on le veuille ou non, la pédophilie devient alors un substitut qui sauve les apparences, du moins pour certains prêtres. Moins voyant qu’une liaison avec une femme. L’Eglise n’a jamais été à l’aise avec cette question. Au début de son histoire, les prêtres pouvaient se marier. Il a fallu attendre le concile de Rome, en 1079, pour interdire leur mariage. Interdiction pas toujours respectée d’ailleurs.
Malgré la révélation des scandales, pas seulement en France, il ne faut pas s’attendre à des décisions fortes et rapides de l’Eglise. Elle a l’éternité devant elle, mais elle sera contrainte de tirer les leçons des secousses qu’elle est obligée d’encaisser. Et qui nuisent à son image et aux valeurs qu’elle affiche.
L’article Silence coupable – L’édito de Patrice Chabanet est apparu en premier sur LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE.
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