Primaire ou non, Anne Hidalgo tente de relancer sa campagne à Perpignan

Hidalgo (ici le 23 octobre à Lille) tente de rererelancer sa campagne à Perpignan

POLITIQUE - Attention à la marche en descendant du train. Anne Hidalgo poursuit son tour de France à Perpignan ce dimanche 12 décembre, après une semaine rocambolesque marquée par un déplacement avorté en région, une volte-face spectaculaire et un appel -un peu désespéré- à l’union de la gauche

Retour au mercredi 8 décembre, quelque part entre Paris et La Rochelle. La candidate socialiste à l’élection présidentielle, qui devait rencontrer plusieurs élus charentais, descend finalement de son TGV à Poitiers pour reprendre le chemin de la capitale. Raison évoquée par son entourage: des réunions sanitaires impérieuses à l’hôtel de ville.

Elle proposera finalement le soir même à ses différents concurrents de s’unir à travers une primaire, pour que “la gauche continue à exister” dans la course à l’élection suprême. Pas de terminus pour le moment, la voilà donc quatre jours plus tard à Perpignan pour un discours pas comme les autres. 

Perpignan, double symbole

Présenté comme “le premier meeting de la campagne”, ce rendez-vous devait permettre aux socialistes de (re)lancer une machine à l’arrêt, dans un territoire au double symbole. Il s’agit de la plus grande ville française dirigée par l’extrême droite, en l’occurrence le RN Louis Aliot, dans une région administrée par l’une des dernières ténors socialistes, Carole Delga. C’est elle qui a proposé ce déplacement à la maire de Paris pour se dresser en alternative à “la violence du débat médiatique” et “son orientation d’extrême droite”.

“Venir à Perpignan est un choix clair”, confirme la présidente de la région Occitanie dans une interview publiée vendredi par le média local L’Indépendant. Elle prône “un discours fort sur l’attachement aux valeurs de la République, la solidarité, la tolérance, l’éducation, l’accès à la culture, l’égalité des chances”, pour répondre à Éric Zemmour et Marine Le Pen. 

“On veut se positionner comme le rempart à l’extrême droite, au climat délétère de ce début de campagne”, nous expliquait déjà le porte-parole Sébastien Vincini en début de semaine, avant que sa candidate se mue en chantre du rassemblement. Selon lui, “Anne Hidalgo est la mieux placée pour incarner cette réponse” et ce, même si, reconnaît-il, “on a des difficultés à imposer les thèmes sociaux-démocrates” dans le débat.

Le temps d’un automne raté

Un euphémisme pour parler de l’automne compliqué d’Anne Hidalgo. Mardi, la veille d’annoncer son revirement unioniste, la candidate socialiste tombait à 3% dans une enquête d’opinion Elabe pour BFMTV. Elle est depuis revenue autour des 5%, son plafond jusqu’à présent, dans d’autres sondages, derrière Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon.  

Si ces données ne disent pas tout, les différents indicateurs ne sont pas plus positifs pour la maire de Paris à quatre mois de la présidentielle. Lancée le 12 septembre depuis Rouen, sa campagne n’a pas franchement attiré la lumière pour les meilleures raisons, entre vidéos hasardeuses sur le quai de la gare et propositions diversement appréciées pour le doublement du salaire des enseignants.

Son investiture à Lille, mi-octobre, devant Martine Aubry et Bernard Cazeneuve -lequel a expliqué depuis qu’il aurait souhaité se présenter- n’a pas permis d’impulser la moindre dynamique, alors qu’elle devait déjà relancer une campagne au point mort. Même chose pour son tour de France mené à bas bruit entre Saint-Étienne, Besançon et Chambéry. Des réunions publiques organisées pour quelques centaines de militants ou curieux, pas toujours convaincus par le discours de la socialiste, comme l’ont rapporté plusieurs médias.

L’union fait elle la dynamique?

À tel point que plusieurs cadres du parti à la rose s’apprêtaient à envoyer une note inquiète au premier secrétaire Olivier Faure juste avant le coup de poker tenté par Anne Hidalgo sur TF1. “Pourquoi multiplier les réunions dans des petites salles au fin fond de la France?”, s’agaçait l’un des signataires, mardi au Parisien, regrettant la tournure de la pré-campagne de sa candidate et prônant, au contraire, des meetings dans de plus grandes villes. 

C’est donc le cas, à Perpignan, ce dimanche. La maire de Paris va s’exprimer devant 1000 militants réunis au Parc des expositions et sans doute plus de journalistes que prévu. L’occasion pour elle d’endosser son costume de “rempart” à l’extrême droite, d’expliquer son revirement à ses soutiens et, surtout, de les convaincre que le “train de l’union” est lancé, comme elle l’expliquait jeudi sur LCI. 

Ce qui ne sera pas forcément chose simple au vue des différentes réactions chez les Insoumis, communistes ou écolos. Tous ont refusé sa proposition, avec plus ou moins de moqueries. Jean-Luc Mélenchon a par exemple estimé sur Twitter qu’il “suffit d’essayer de circuler dans Paris” pour “savoir de quels blocages absurdes Hidalgo est capable”.

Même François Hollande ou Ségolène Royal ont dit leur grand scepticisme quant à cet appel tardif à la primaire. Vendredi, l’ancienne ministre a été jusqu’à appeler la cheffe de file des socialistes à se retirer au profit de l’un des deux candidats mieux placés qu’elle dans les sondages. Pas si loin du “tout le monde descend”.

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