JUSTICE - Le 23 août dernier, une jeune magistrate mettait fin à ses jours. La tribune rédigée en réaction à ce drame a reçu l’appui de plus de 6600 magistrats et plusieurs centaines de greffiers. Indignés, ils réclament des moyens. Trop peu de responsables politiques ont considéré à sa juste mesure cette vague d’indignation. Il est pourtant des appels que l’on ne peut ignorer.
À l’évidence plusieurs milliers de postes de magistrats, de greffiers, mais également d’éducateurs de la PJJ, de travailleurs sociaux, de psychologues et de personnels pénitentiaires manquent aujourd’hui et devront être créés demain pour respecter le sens de la justice et les attentes des justiciables. Alors que le nombre d’affaires traitées devant les tribunaux ne cesse d’augmenter et que les délais de traitement ne cessent de s’allonger, la France compte deux fois moins de juges et de personnels de greffe et quatre fois moins de procureurs que la moyenne européenne.
Un plan Marshall afin de réhabiliter notre Justice doit être engagé, une loi de programmation quinquennale devra donc être adoptée dès le début du quinquennat pour répondre à ces exigences."Anne Hidalgo, candidate du PS à la présidentielle
Le budget de la justice ressemble à ces bois tordus que l’on peine à redresser car ils ont poussé ainsi au fil des ans. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la dernière augmentation ponctuelle du budget de la Justice. Un plan Marshall afin de réhabiliter notre Justice doit être engagé, une loi de programmation quinquennale devra donc être adoptée dès le début du quinquennat pour répondre à ces exigences.
Nous devons engager une réflexion, avec l’ensemble des acteurs du monde judiciaire, sur la diversification des modes de prise en charge des contentieux, pour que la Justice gagne en efficacité, tout en restant équilibrée et indépendante. Nous pouvons pour cela nous inspirer de nos partenaires européens comme l’Allemagne et l’Espagne.
“Recentrer le juge sur son office primordial: trancher les litiges”
Il n’est pas acceptable d’attendre plusieurs mois pour ne pas dire plusieurs années afin d’obtenir une décision de justice. Nous devons accélérer le plan de numérisation du ministère car il est impensable que la Justice cesse de travailler, faute de moyens, comme ce fut le cas durant le premier confinement.
Il faut recentrer le juge sur son office primordial: trancher les litiges.
Redonner du sens suppose de stabiliser le cadre juridique. Assez de cette inflation législative qui ne répond qu’à l’émotion médiatique mais qui déstabilise les magistrats dans leur travail quotidien.
Travailler pour la Justice est une vocation. Les magistrats, greffiers et tous les acteurs judiciaires méritent respect et considération, sans nuance, sans réserve, au-delà de ce que l’État peut fournir comme efforts matériels ou juridiques. La Justice, socle fondamental de notre démocratie, doit servir au plus près les besoins des justiciables. C’est le prisme entier qui doit changer : les besoins de la Justice doivent déterminer les moyens déployés.
Nous avons le devoir de préserver et consolider notre service public de la Justice. Je m’y engagerai.
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