Comment arrêter d’essayer de faire plaisir à tout le monde et apprendre à dire non

Comment arrêter d’essayer de faire plaisir à tout le monde et apprendre à dire non

PSYCHOLOGIE - Quand un boulet vous envoie un SMS à la dernière minute pour vous demander de passer le prendre à l’aéroport, vous laissez en plan ce que vous étiez en train de faire et vous sautez dans votre voiture.

Quand votre beau-frère vous demande de l’aider à déménager, vous le faites, même si vous avez le dos en vrac.

Quand votre colocataire vous propose d’aller boire un verre, vous répondez immédiatement, “Oui, d’accord!”, alors que vous préféreriez rester à la maison à regarder la télé.

Si vous vous reconnaissez dans ces exemples, vous avez probablement tendance à dire oui à tout.

Les gens qui ont cette habitude ont besoin d’approbation et de validation; ils font donc tous les efforts possibles pour faire plaisir aux autres, y compris aux dépends de leur propre bien-être.

Cette   tendance   émerge   souvent   dès   l’enfance.   Selon   le   psychologue   Scott   Rower,   ce   genre   de comportement   est   aussi   fréquent   chez   les   personnes   qui   ont   grandi   dans   un   environnement dysfonctionnel où elles ont pu subir des traumatismes ou des agressions.

“La plupart des gens font ça de façon inconsciente, en se disant ‘C’est dans ma nature’, sans se rendre compte qu’il s’agissait d’une stratégie d’adaptation à leur situation passée, dont ils n’ont plus besoin aujourd’hui”, précise le spécialiste. “Faire plaisir aux autres et être perçu comme quelqu’un de bien nous donne une sécurité, une satisfaction et un statut que nous recherchons tous; nous savons ainsi que nous sommes en sûreté, que nous sommes de bonnes personnes et que nous méritons d’être aimés.”

En revanche, dire non semble risqué, parce que quelqu’un pourrait nous en vouloir. Pour ceux qui disent oui   à   tout,   décevoir   ou   causer   la   désapprobation   d’une   autre   personne   est   plus   qu’un   simple désagrément.

“C’est perçu comme une menace qui doit être neutralisée au plus vite et à tout prix”, résume Aziz Gazipura, coach spécialiste de la confiance en soi et auteur de Not Nice: Stop People Pleasing, Staying Silent, & Feeling Guilty (“Pas gentil: arrêtez de vouloir faire plaisir à tout le monde, de vous taire et de vous sentir coupable”). “La solution la plus simple, c’est de dire oui au lieu de refuser. Bien sûr, ça évite les contrariétés à court terme, mais ça a des conséquences négatives à long terme.”

En effet, passer son temps à dire oui quand on voudrait dire non devient usant à la longue, et l’on finit par se sentir dépassé, surmené, anxieux et plein de ressentiment.

“Nous n’avons qu’une réserve limitée d’énergie émotionnelle et physique”, rappelle la socio-psychologue Susan Newman, autrice de The Book of No: 365 Ways to Say It and Mean It ― and Stop People-Pleasing Forever (“Le livre du Non: 365 façons de le dire franchement – et d’arrêter de toujours faire plaisir à tout le monde.”). “Accepter trop d’obligations est un facteur de stress et d’anxiété, à cause de tous les engagements à tenir. Ce surmenage peut nous amener à devenir injustement irritables.”

“Dans certains cas extrêmes, dire oui trop souvent peut causer une dépression ou des symptômes psychosomatiques parfois surprenants, qui semblent n’avoir aucun lien avec ce problème et ne peuvent s’expliquer: maux de tête, chute des cheveux ou insomnie”, ajoute la spécialiste.

Alors comment se débarrasser de cette habitude? Découvrez ci-dessous des conseils pratiques d’experts qui vous aideront à apprendre à dire “non”.

Avant d’accepter de faire quelque chose, demandez-vous pourquoi vous dites oui

Réfléchissez à ce qui vous motive à accepter. Demandez-vous si c’est une envie sincère: voulez vraiment le faire (et avez-vous l’énergie nécessaire) ou bien y a-t-il une autre raison qui vous pousse à dire oui?

“Est-ce que vous acceptez parce que vous avez peur de refuser?” demande Scott Rower. “Voulez-vous dire oui parce que cela incitera [la personne] à vous rendre service plus tard sans que vous ayez à le lui demander?”

Apprendre à mieux se connaître soi-même est le premier pas à faire pour changer de comportement.

Autorisez-vous à dire non

Souvent, le plus gros obstacle qui nous empêche de dire non n’est pas le patron, l’ami ou le parent qui nous demande quelque chose, mais la fausse idée qui nous fait associer refus et manque d’empathie, méchanceté ou égoïsme, souligne Aziz Gazipura.

“On pense qu’un refus va blesser l’autre”, explique le spécialiste. “Or, en vérité, il est sain de dire non quand on ne veut pas faire quelque chose. C’est un mécanisme d’adaptation et l’un de nos droits humains fondamentaux.”

“Faire  plaisir  aux  autres   et   être   perçu   comme  quelqu’un   de   bien  nous   donne  une sécurité, une satisfaction et un statut que nous recherchons tous; nous savons ainsi que nous sommes en sûreté, que nous sommes de bonnes personnes et que nous méritons d’être aimés.”

- Scott Rower, psychologue

Pour être plus à l’aise avec ça, l’expert suggère de se répéter des phrases comme: “J’ai le droit de dire non quand je veux.”

Entraînez-vous ensuite à refuser de petites choses

Pour M. Gazipura, apprendre à dire non est comme renforcer un muscle. Plus on s’entraîne, plus cela devient facile. Mais on ne se met pas à soulever des poids de 25 kilos dès le premier jour à la salle de sport.

“Commencez par chercher deux occasions de dire non à de petites choses dans votre quotidien cette semaine”, conseille le spécialiste. Vous pouvez vous entraîner quand un vendeur vous propose une carte de fidélité ou quand un serveur vous suggère un vin coûteux.

“Comme à la salle de sport, les premières semaines peuvent être difficiles et vous serez peut-être réticent à faire cet effort”, indique-t-il. “Mais quand vous l’aurez fait plusieurs fois, vous vous rendrez compte que les horribles réactions que vous redoutez sont rares, et vous éprouverez un tout nouveau sentiment de liberté.”

Posez des limites pour définir ce que vous êtes prêt à faire et pour qui

Demandez-vous quelles personnes de votre entourage, qu’il s’agisse d’amis, de parents ou de collègues, ont tendance à attendre le plus de vous sans offrir grand-chose en retour.

“Réfléchissez à vos priorités et déterminez qui abuse sans doute de votre gentillesse et de votre bonne volonté, et pour qui vous voulez vraiment vous rendre disponible”, recommande Susan Newman.

Après avoir décidé lesquelles de vos relations valent le coup de leur consacrer votre temps et votre énergie, posez certaines limites pour définir ce que vous êtes prêt à faire ou non.

“Sachant cela, il vous sera plus facile de refuser une requête et de reprendre le contrôle sur votre vie dont vous avez tant besoin”, ajoute la socio-psychologue.

Vous n’êtes pas obligé de répondre tout de suite

Vous avez sans doute l’habitude de répondre oui aussitôt, quelle que soit la demande, et sans prendre le temps de réfléchir. Efforcez-vous d’attendre un instant avant de répondre, puis de dire quelque chose comme: “Je dois vérifier mon emploi du temps” ou “Je vous recontacte dès que possible”.

“Réfléchissez à vos priorités et déterminez qui abuse sans doute de votre gentillesse et de votre bonne volonté, et pour qui vous voulez vraiment vous rendre disponible.”

- Susan Newman, sociopsychologue

Vous avez aussi tout à fait le droit de demander plus de détails (“Ça prendra combien de temps à ton avis?”, “Combien d’autres personnes viendront donner un coup de main samedi?”) avant d’accepter.

Et sachez que vous pouvez toujours dire oui sous certaines conditions. Ce n’est pas forcément tout ou rien.

“Simplifiez les termes d’une requête, et si vous vous sentez à l’aise avec cela, acceptez un plus petit rôle”, suggère Susan Newman.

Résistez à l’élan qui vous pousse à vous justifier

Les gens qui cherchent à faire plaisir à tout le monde tombent souvent dans le piège qui consiste à expliquer en détail la raison de leur refus, mais c’est inutile. Contentez-vous d’une réponse brève mais ferme.

Aziz Gazipura donne quelques exemples: si des amis vous invitent à dîner, vous pouvez dire quelque chose comme “Merci pour l’invitation, mais je ne vais pas pouvoir venir. Amusez-vous bien.”

Si quelqu’un souhaite vous revoir après un premier rendez-vous et que vous n’êtes pas intéressé, répondez par exemple: “C’était sympa de faire ta connaissance l’autre soir, mais je préfère en rester là. Je te souhaite de faire une belle rencontre!”

Prenez conscience qu’un “non” n’est pas aussi vexant que vous l’imaginez

Ceux qui disent oui à tout pensent qu’un refus les expose à une réaction outrée de la personne qui les a invités ou leur a demandé un service. En réalité, c’est rarement le cas, assure Susan Newman.

“Le secret pour arrêter de dire oui à tout, c’est de comprendre que même si vous dites non les gens n’en feront pas la maladie que vous pensez”.

Cet article, publié sur le HuffPost américain, a été traduit par Iris Le Guinio pour Fast ForWord.

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