Macron ouvre le forum de l'égalité de l'ONU à Paris et espère relancer sa "grande cause"

Emmanuel Macron va ouvrir le forum

INTERNATIONAL - Il y aura du beau monde ce mercredi 30 juin et jusqu’au vendredi 2 juillet au Carrousel du Louvre à Paris: la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris (à distance), l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton (à Paris), les prix Nobel de la Paix Nadia Murad (militante anti-Daech irakienne) et Denis Mukwege (gynécologue congolais), le président Emmanuel Macron et sa secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno.

La raison? Un événement international de grande ampleur, coprésidé par la France et le Mexique sous l’égide d’ONU femmes qui devait se tenir en 2020 et qui a été repoussé à cause de la pandémie de Covid-19. Ce “Forum Génération Égalité” est la plus importante convention de l’ONU sur le sujet des violences sexuelles et des inégalités entre les femmes et les hommes sur la planète depuis la Conférence de Pékin de 1995.

Relancer l’égalité après la crise du Covid-19

À l’époque, Hillary Clinton avait marqué les esprits par un discours resté dans les annales pour dénoncer les oppressions des femmes dans le monde. Vingt-six ans plus tard, l’ex-Secrétaire d’État américaine et des milliers de délégués d’États et d’ONG seront présents à Paris pour une réunion sur l’égalité des sexes, avec l’objectif de déboucher sur des “engagements concrets” pour faire progresser la cause des femmes, mise à mal par la pandémie de Covid-19.

Le “FGO” doit contribuer à faire “progresser les droits des femmes et des jeunes filles partout dans le monde” et répondre ainsi à une situation “très préoccupante”, a résumé le président Emmanuel Macron, qui doit lancer lui-même l’événement mercredi après-midi lors d’une cérémonie au Carrousel du Louvre animée, selon nos informations, par Élisabeth Moreno.

L’égalité entre les genres a été “fragilisée” par la pandémie de Covid-19, a souligné le chef de l’État dans un message vidéo publié la semaine dernière sur son compte Twitter. En outre, “nous voyons dans beaucoup de sociétés, y compris en Europe, monter une nouvelle période conservatrice (...) qui remet en cause des droits fondamentaux” des femmes, a-t-il déploré.

Le forum doit déboucher sur un “plan mondial d’accélération” vers l’égalité, autour de plusieurs thématiques comme les violences envers les femmes, le droit à disposer de son corps, ou encore l’égalité économique.

Chaque thème sera abordé par des “coalitions d’action” associant États, organisations internationales, société civile et secteur privé pour élaborer une “feuille de route” dont la mise en oeuvre doit être évaluée dans les cinq ans.

Des fonds pour la contraception ou l’avortement

Tous les États du monde ont été invités, mais à la condition qu’ils s’engagent réellement à faire progresser l’égalité entre les sexes, a expliqué Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale du forum. “Chaque État, institution ou entreprise devra faire une annonce très concrète, qu’elle soit politique, législative ou financière. Nous avons travaillé en amont pour que ces annonces soient nouvelles et substantielles”, a-t-elle précisé.

Dans le cadre de sa “diplomatie féministe”, la France devrait ainsi annoncer une hausse “significative” de sa contribution au Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), afin de faciliter l’accès des femmes à la contraception et à l’avortement. Elle devrait également annoncer des fonds en faveur de l’éducation des filles, et une initiative pour “contribuer à la protection des défenseurs des droits” des femmes, selon l’Élysée.

L’un des enjeux de la conférence sera également de faire en sorte que les acteurs de l’aide au développement augmentent la part de leurs financements spécifiquement dévolue à l’égalité de genre, a expliqué à l’AFP Mar Merita Blat, en charge de ce dossier à l’Agence française de développement (AFD). Actuellement, 1% de l’aide publique au développement au niveau mondial est fléchée vers cette thématique, selon elle.

L’AFD, pour sa part, oriente les deux tiers de ses financements vers des projets comportant un objectif d’égalité des sexes, ou entièrement dévolus à cette fin. Dans le premier cas, l’agence française, en aidant à la construction d’un métro à Cochin en Inde, a prévu un plan de formation pour inciter des femmes à devenir conductrices des nouvelles rames. Dans le deuxième cas, elle a financé au Tchad des actions de prévention des mariages précoces ou de l’excision, a détaillé Merita Blat.

Les assos réclament “un plan de relance” féministe

L’Élysée veut faire de ce forum organisé sur le sol français un moment “de relance de sa grande cause du quinquennat”, comme l’a précisé une source proche du chef de l’État au HuffPost. Une vision internationale nécessaire, mais qui n’effacera sans doute pas les critiques contre sa politique nationale en la matière. Si la PMA devrait être adoptée en ce mois de juin -avec beaucoup de retard- et le congé de paternité porté à un mois au mois de juillet, il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre les féminicides et les violences sexuelles.

Les associations féministes réclament toujours 1 milliard d’euros par an pour lutter durablement contre les violences faites aux femmes et faire progresser l’égalité de genre. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous, plusieurs d’entre elles se sont fait entendre à l’occasion de cette conférence onusienne. Oxfam France, la Fondation des femmes et le Collectif Générations féministes, entourées de Julie Gayet, ont réclamé mardi au gouvernement français un “plan de relance féministe”.

Le sommet de Paris “devra être un moment important de remobilisation générale de la communauté internationale et de la société civile pour atteindre l’égalité de genre d’ici 2030”, estiment ces associations, qui appellent à des “financements publics” pour que “le combat pour l’égalité accélère”.

À voir également sur Le HuffPost: Avant le forum de l’ONU pour l’égalité femmes-hommes, les associations réclament un “plan de relance féministe”

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