ANTILLES - La situation s’est dramatiquement dégradée dans les Antilles. Avec un taux d’incidence qui frôle les 2000 cas pour 100.000 habitants, un niveau jamais vu en France, la Guadeloupe entame vendredi 13 août un confinement strict pour faire baisser les contaminations.
“On revient à la technique du confinement: la saturation et le risque d’engorgement de l’hôpital sont tels que le confinement reste la solution d’urgence de court terme. Je suis bouleversé de ce que j’ai vu aujourd’hui”, a confié le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, ce jeudi 12 août au micro de France Inter. “Je vis ça assez difficilement, ça dépasse la politique et l’engagement ministériel classique, ce que nous vivons, et je dois bien vous avouer que cela me touche beaucoup”.
.@SebLecornu : "On revient à la technique du confinement : la saturation et le risque d'engorgement de l'hôpital sont tels que le confinement reste la solution d'urgence de court terme. Je suis bouleversé de ce que j'ai vu aujourd'hui." #le69Interpic.twitter.com/Khe7R3sOlj
— France Inter (@franceinter) August 12, 2021
“Les médecins me disent que la situation est extrêmement difficile, et qu’au fond, ce n’est pas un problème de renforts, c’est un problème de pic de cette épidémie. Enormément de patients, tous non vaccinés, se présentent au même moment à l’hôpital”, relate-t-il.
“Un test PCR sur 4 est positif”
Le ministre précise également le taux d’incidence actuel en Guadeloupe qui est inédit: 1900 malades pour 100.000 habitants. “On n’a jamais connu ça depuis le début de la pandémie, s’alarme-t-il. Un test PCR sur 4 est positif. Les patients qui se présentent à l’hôpital sont beaucoup plus jeunes”.
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″Ça dépasse tout ce qu’on avait pu imaginer”
Une vive inquiétude partagée sur place. Aux urgences du CHU de Guadeloupe, le service de réanimation, saturé, prend de plein fouet la quatrième vague de l’épidémie de Covid-19 qui déferle sur les Antilles.
“La situation est inédite par son ampleur, ça dépasse tout ce qu’on avait pu imaginer. On doit décupler nos efforts pour ouvrir les lits de réanimation supplémentaires”, constate Marc Valette, le chef du service de réanimation dans cet hôpital de Pointe-à-Pitre.
“Actuellement, il y a des patients qui mériteraient, qui devraient être dans des lits de réanimation et qui sont gérés à l’hôpital mais en dehors des services de réanimation qui sont saturés”, souligne Marc Valette.
Les services de réanimation totalement saturés
En temps normal, le nombre de lit en réa sur le territoire n’atteint pas 30. “On a déjà 67 lits ouverts, 55 en au CHU, et 12 au centre hospitalier de Basse-Terre”, détaille Marc Valette, qui complète: “sur nos 55, 44 sont pour des patients Covid, et ils sont tous plein, on est à saturation”.
Autrement dit, pour faire rentrer quelqu’un en réanimation, il faudra que quelqu’un d’autre en sorte. “Soit parce qu’il va mieux, soit parce que, malheureusement, il décède”, dit doucement le chef de service.
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La semaine du 2 au 8 août, 14 personnes sont mortes du Covid en Guadeloupe. Au CHU de Pointe-à-Pitre, où l’on commence à prioriser les patients, on anticipe déjà jusqu’à 15 décès par jour, parfois parmi des patients qui n’auront pas le temps d’être soignés.
"Un confrère m’a dit son désarroi d’avoir du choisir , suite à une place libérée par un décédé , entre une femme enceinte et un homme d’âge mûr. Il a choisi la femme enceinte et le lendemain l’homme était mort . On en est là !"#Martiniquehttps://t.co/Kqu27SYmgs
— Germain Forestier (@gforestier) August 11, 2021
“Du point de vue humain, c’est maintenant l’âge des patients que l’on a dans les lits. Le plus jeune patient qu’on a eu à prendre en charge avait 19 ans”, confie à Franceinfo Régine Mengé, cadre de santé.
Plus de lits, des renforts, mais des soignants exténués
En attendant, le couloir des urgences où sont admis les patients atteints du Covid-19 est bondé. “On avait 47 dossiers quand on a pris la garde à 18 heures et on a déjà hospitalisé 4 à 5 patients”, explique ce mercredi soir Hubert Vaast, interne en gastro-gastroentérologie, volontaire pour effectuer une nuit de garde aux urgences Covid. “On va essayer de limiter le nombre de patients au même moment ici, mais on ne maîtrise pas les arrivées”, ajoute-t-il. Les patients qui attendent respirent pour beaucoup avec difficulté, se tordent sur leur brancard ou leur fauteuil roulant et toussent avec douleur.
“Nous approchons de 70-80 entrées aux urgences par jour”, indique Aurélie Beral, médecin urgentiste qui s’active dans la zone de déchocage, sorte de zone tampon entre les urgences et l’hospitalisation en médecine ou en réanimation, où sont prodigués des soins urgents.
La salle est prévue pour recevoir quatre patients. “Nous en avons déjà cinq ce mercredi soir”, indique Aurélie Béral. “Deux autres attendent d’être pris en charge dans le couloir des urgences où on fait un pseudo déchocage.” “On est obligés de réorganiser la totalité de l’hôpital, je dois fermer des services pour les remplacer par des unités Covid”, confie Gérard Cotellon, le directeur général du CHU.
Dans les jours qui viennent, les blocs opératoires accueilleront des lits de réanimation. “Après ça, explique Marc Valette, l’hôpital sera arrivé à son maximum capacitaire, en termes de lits mais aussi d’oxygène”. Et aussi en termes d’effectif. Car les renforts arrivés mardi soir de métropole seront déployés sur les nouveaux lits ouverts, pas sur les zones déjà en activité. “C’est bien mais ça ne va pas forcément nous soulager plus que ça étant donné qu’on ouvre des lits supplémentaires”, note Cécile Baboulall, infirmière en réanimation.
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