Rentrée littéraire 2021: Des romans marqués par le poids du passé

La rentrée littéraire 2021 commence ce mercredi 18 août. (Photo d'illustration)

LIVRES - Le poids de l’Histoire et les blessures qu’il engendre marquent les romans de la rentrée littéraire, qui voit débouler sur les étals des libraires, et en grande grande partie à partir de ce mercredi 18 août, plus de 500 titres candidats aux prix d’automne.

Après avoir craint le pire lors des confinements et des fermetures de librairies de 2020, mais été surprise par de très bons chiffres depuis décembre, la filière du livre attaque cette période cruciale avec beaucoup d’optimisme.

Juillet a été “très bon pour la librairie. Toujours pas de baisse de fréquentation par rapport à juillet 2020”, témoignait par exemple un libraire anonyme sur Twitter, connu pour documenter avec humour son quotidien sur le réseau social. Et la deuxième quinzaine d’août signe, comme toujours, l’arrivée de poids lourds attendus par des lecteurs impatients.

Amélie Nothomb, fidèle au rendez-vous chaque année, publie l’un de ses meilleurs romans, Premier sang (Albin Michel), mémoires fictifs de son père décédé l’an dernier. Où l’on découvre une famille excentrique, et redécouvre un épisode tragique de l’histoire de l’ex-Zaïre par ce diplomate belge.

“Je n’aurai pas le Goncourt [...] Ils considèrent que je suis une autrice à succès et que je n’en ai pas besoin, et ça peut se défendre”, a-t-elle affirmé au Parisien ce mardi 17 août.

Les drames du XXe siècle

Sorj Chalandon avec Enfant de salaud (Grasset), Marc Dugain avec La Volonté (Gallimard), François Noudelmann avec Les Enfants de Cadillac (Gallimard) évoquent également leur ascendance au milieu des drames et des guerres du XXe siècle.

L’Holocauste hante d’autres auteurs: Anne Berest fouille ses racines juives après avoir reçu La Carte postale (Grasset) ou Gisèle Berkman qui décrit une survivante dans Madame (Arléa). L’antisémitisme d’avant la Première Guerre mondiale est le sujet de la fresque de Christophe Donner, La France goy (Grasset), tandis que Jean-Christophe Grangé évoque des assassinats dans la haute société berlinoise de la fin des années 1930 dans Les Promises (Albin Michel, sortie le 9 septembre).

Les tourments de l’Afrique et de l’esclavage pointent dans Mamba Point blues (Presses de la Cité) de Christophe Naigeon, qui fait voyager entre New York, la France et le Liberia, ou dans La Porte du voyage sans retour (Seuil) de David Diop, romancier fraîchement couronné du Booker Prize international, qui signe une version romancée des aventures d’un naturaliste français au Sénégal au XVIIIe siècle. De blues il est aussi question dans Delta Blues (Grasset) de Julien Delmaire, qui raconte la naissance de cette musique dans le delta du Mississippi.

Plus près de nous dans le temps, Philippe Jaenada fouille le fait divers le plus marquant des années 60, l’affaire Lucien Léger: Au printemps des monstres (Mialet-Barrault). Michaël Prazan trace le portrait d’un ancien de l’Armée rouge japonaise avec Souvenirs du rivage des morts (Rivages), et Julie Ruocco explore le Kurdistan syrien et ses alentours, ravagés par le conflit de ces dix dernières années, dans Furies (Actes Sud).

Musso bien après

Autres histoires, très personnelles celles-ci: celles de Christine Angot qui reconstitue précisément son passé de victime d’inceste (Le Voyage dans l’Est, Flammarion), et d’Emmanuelle Lambert qui se remémore les beaux moments avec un père emporté par le cancer (Le Garçon de mon père, Stock).

L’épopée de deux femmes dissemblables dans La Définition du bonheur (Gallimard) de Catherine Cusset, les traumatismes d’un ancien poilu dans Une certaine raison de vivre (Robert Laffont) de l’acteur Philippe Torreton, une sombre histoire racontée par Tanguy Viel, La Fille qu’on appelle (Minuit), ou encore Plasmas (Rivages), fiction futuriste déroutante de Céline Minard, ont attiré l’attention de la critique.

Mais le roi des ventes promet d’être encore Guillaume Musso, qui attend le 21 septembre, bien après tous les livres cités ci-dessus, pour débouler avec L’Inconnue de la Seine (Calmann-Lévy).

Au rayon étranger, Shuggie Bain (Globe) du Britannique Douglas Stuart, qui évoque la classe ouvrière au temps du thatchérisme. Madame Hayat (Actes Sud) du Turc Ahmet Altan, écrit en prison et pas édité dans son propre pays, et God loves Haïti (Caraïbéditions) de Dimity Elias Léger, sont des témoignages de la force de la littérature face à la politique.

Cette rentrée marque également le retour du prix Nobel de littérature, le Britannique Kazuo Ishiguro (Klara et le soleil, Gallimard) et de l’Américain Richard Ford (Rien à déclarer, L’Olivier).

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