Avant la réforme de l'assurance-chômage, Pôle emploi adopte un "plan sécurité"

Avant la réforme du chômage, Pôle emploi adopte un

EMPLOI - L’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance-chômage ce vendredi 1er octobre inquiète de toutes parts. Les personnes à la recherche d’un travail, le Conseil d’État, les syndicats et Pôle emploi.

Comme révélé ce jeudi par France Inter, l’agence déroule même un “plan sécurité” pour protéger ses agents de possibles agressions qui pourraient se multiplier avec l’entrée en vigueur de la réforme.

En Île-de-France notamment, près de 700 bracelets et boîtiers d’alerte en cas ont été commandés pour protéger le personnel en cas d’altercation, révèle une note interne. Contacté par Le HuffPost, Pôle emploi confirme qu’une telle commande a été passée mais assure que cela arrive en réponse à des inquiétudes qui datent d’avant la réforme. 

Besoins différents en fonction des régions

“Après le drame de Valence, la sécurité a été renforcée. Territoires et régions ont évalué leurs besoins et élaboré un plan pour y répondre. C’est antérieur à la réforme du chômage et il n’y a pas de lien avec, toutes les agences ont ou vont renforcer la sécurité suivant leurs besoins”, précise-t-on.

“En Île-de-France, le plan a été présenté lors d’un CSE. Le document devait rester confidentiel”, explique Pole emploi qui note par ailleurs que les mesures mises en place différeront des régions. “Les besoins ne sont pas les mêmes dans une petite agence d’Oléron que dans un grand centre urbain”.

Si ces bracelets et boîtiers -équipés d’une sirène multitonalité et d’un flash lumineux- seront livrés dans les jours qui suivent en Seine-Saint-Denis puis à Paris d’ici mi-octobre, ailleurs en France les agences pourront avoir recours à des moyens différents et plus adaptés à leur situation, comme des agents ou caméras de sécurité.

Ces premiers éléments font partie du “plan sûreté” présenté lors d’un CSE le 23 septembre pour établir un “programme prévisionnel sur trois à cinq ans”. D’ici 2026, l’agence prévoit notamment une “déclinaison territoriale du partenariat avec la Police et la Gendarmerie”, la “mise en place de l’organisation et adaptation des procédures, le “déploiement des systèmes et équipements de sûreté” et un “plan de développement des compétences”.

Le renfort sécuritaire, présenté comme une réponse au drame de Valence, était nécessaire “ne serait-ce que pour rassurer les salariés” estimait en janvier David Vallaperta, élu CFDT. Le délégué syndical espérait notamment à l’époque que soit repensé l’outil pour recenser les actes de violences, probablement sous-utilisé. “Aujourd’hui, les moments de tensions, voire les agressions, sont presque banalisés. Les agents utilisent cet outil quand il y a des choses fortes mais ils n’y pensent pas forcément quand cela se limite à de la tension verbale”.

Pression sur le Conseil d’État

Le lancement du dispositif entre donc en vigueur en même temps que cette réforme du chômage hautement décriée. Une centaine d’économistes, dont Thomas Piketty, ont notamment publié dans Le Monde jeudi une tribune critiquant un texte qui va “fortement diminuer les droits des chômeurs”. “Nous nous opposons fermement à la mise en œuvre de cette réforme que nous jugeons inefficace, injuste et punitive”, écrivent ces économistes, dont Aurélie Trouvé, porte-parole de l’ONG Attac, ou Henri Sterdyniak, membre des Économistes atterrés.

Selon les signataires de cette tribune, la réforme va concerner “de très nombreux allocataires de l’assurance-chômage, en diminuant drastiquement le montant des allocations dans un contexte de crise sans précédent”, en particulier ceux ayant eu des périodes d’emploi non contiguës. Selon une évaluation en avril de l’Unédic, jusqu’à 1,15 million des personnes ouvrant des droits dans l’année suivant l’entrée en vigueur de la réforme toucheraient une allocation mensuelle plus faible (de 17% en moyenne), avec dans le même temps une “durée théorique d’indemnisation” allongée (14 mois en moyenne contre 11 avant la réforme).

Le décret durcissant au 1er octobre le calcul de l’allocation-chômage est paru jeudi au Journal officiel. Son entrée en vigueur était prévue en juillet, mais avait été repoussée par une décision du Conseil d’État qui mettait en avant des “incertitudes sur la situation économique”. Sans attendre son jugement sur le fond, demandé par les syndicats, le gouvernement -qui met en avant une amélioration de la situation de l’emploi- met ainsi en difficulté la haute juridiction.

Le Conseil d’État, saisi par plusieurs organisations syndicales, avait déjà annulé en novembre 2020 les nouvelles modalités de calcul de l’allocation mensuelle car elles constituent une atteinte au “principe d’égalité” entre allocataires. Comme l’explique La Tribune, si le Conseil d’État venait désormais à s’opposer à la réforme revue par le gouvernement, il faudrait indemniser rétroactivement les demandeurs d’emploi lésés depuis le 1er octobre et cela entraînerait un véritable casse-tête administratif. 

“Le gouvernement ressort exactement le même décret avec les mêmes arguments qui sont faux. Il met la pression sur le Conseil d’État (...) avant même qu’il ait eu le temps de juger sur le fond. En termes de méthode, c’est ignoble”, et c’est “ignoble pour les demandeurs d’emploi”, selon Denis Gravouil, négociateur assurance-chômage pour la CGT.

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