Chaumont – Des ateliers et un spectacle de danse contemporaine au Signe

Le Signe, centre national du graphisme, propose depuis hier un week-end Choré//Graphique, en partenariat avec Arts Vivants 52. Le spectacle EX-POSE(S), chorégraphié par Eric Lamoureux, y est représenté, et l’artiste a également proposé des ateliers où la dimension du corps a été approché.

Le corps est indéniablement l’outil de travail et de réflexion principal de la danse contemporaine. Les chorégraphes s’en emparent pour redéfinir les normes corporelles loin des approches objectivées du simple aspect anatomique et statiques. Au fond, la danse du corps intervient plus sur les dimensions sociales, politiques et culturelles.

Le travail d’Eric Lamoureux, avec son spectacle EX-POSE(S), touche directement ces trois notions. La représentation se décompose en deux duos, l’un féminin (qui a eu lieu hier soir, au Signe) l’autre masculin (qui aura lieu cet après-midi à 15 h, même endroit).

Danse graphique

La réflexion qu’il se fait du corps, Eric Lamoureux l’a transmise, hier matin, à trois danseuses curieuses d’échanger avec le chorégraphe. Il s’agissait d’un atelier proposé par le centre national du graphisme dans le cadre de sa biennale. Ce week-end d’activité découverte, organisé en partenariat avec Arts Vivant 52, s’intitule le week-end Choré//Graphique.

Ce workshop était intimement lié au spectacle, et s’est axé uniquement sur le duo féminin. « La chorégraphie s’inspire d’œuvres d’un sculpteur, Henry Laurens, proche du cubisme », explique Eric Lamoureux. « Le but était d’arriver à une sororité des corps, une complicité féministe, en s’imprégnant des différents volumes et formes des sculptures. »

Les trois femmes ont rapidement su développer une danse en trio où leurs mouvements entraient en subtile résonnance symbolique avec les affiches de la salle d’exposition, fixes et hautes en couleur. Les membres du corps se meuvent, tout en grâce et légèreté, pour passer d’une posture à une autre.

Eric Lamoureux analyse : « La salle d’exposition n’est pas un espace vide, ni théâtral, il faut absolument s’amuser avec l’espace. La représentation du spectacle est d’une grande proximité avec le spectateur qui doit aussi ressentir la puissance et les vibrations que les corps dégagent ». Il ajoute : « Toute la dimension graphique du lieu répond au graphisme de la danse et des postures qui prennent ainsi tout leur sens ».

Désir charnel

L’atelier a également approché les significations du duo masculin, plus figuratif. La composition de ce dernier s’inspire cette fois-ci des œuvres d’Ousmane Saw, sculpteur sénégalais, et principalement celles mettant en avant des couples de lutteurs. Le workshop a pris un temps entre les exercices de danses pour décrypter la lutte en faisant des arrêts sur images. De cette manière, toute l’iconographie du ou des corps apparaît.

« C’est là où ce duo masculin d’EX-POSE(S) devient plus troublant que le duo féminin. On peut s’imaginer pendant la danse, que les deux hommes s’empoignent, se livrent un duel de puissance avec une réelle complicité, voire une fraternité. Mais on peut aussi s’imaginer quelque chose de plus sensuel. Certaines postures peuvent sembler être tirées du kamasutra », souligne le chorégraphe.

La corporéité est fondamentale dans la réflexion d’Eric Lamoureux. Cette idée est d’autant plus symbolique dans une réalité en constante évolution, où l’image du corps est de plus en plus présente. Celui-ci devient de plus en plus un outil, un objet visuel, une égérie de certains concepts socio-politico-culturels et philosophiques.

Joffrey Tridon

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