La Chine accélère ses intimidations militaires envers Taïwan

Un garde devant le drapau taiwanais, transporté par hélicoptère lors d'une répétition pourune cérémonie le 28 septembre. (Photo by Ceng Shou Yi/NurPhoto via Getty Images)

INTERNATIONAL - Taïwan a accusé samedi Pékin de faire monter la pression et de vouloir nuire à la paix dans la région, au lendemain de la plus vaste incursion d’avions militaires chinois dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île.

La démonstration de force de Pékin est intervenue le jour anniversaire la Chine communiste. Un nombre record d’avions militaires chinois, 38 au total, parmi lesquels un bombardier H-6 à capacité nucléaire, ont fait une incursion.

 

Les 23 millions d’habitants de cette île, dirigée aujourd’hui par un régime démocratique, vivent sous la menace constante d’une invasion de la Chine.

Pékin considère ce territoire, dirigé aujourd’hui par un régime démocratique, comme une province rebelle appelée à rentrer dans son giron, si nécessaire par la force. Depuis l’arrivée en 2012 de Xi Jinping à la tête du Parti communiste et donc du pays, les avions militaires chinois ont pénétré presque quotidiennement dans la zone d’identification de défense aérienne (“Adiz”, selon son acronyme en anglais) de Taïwan.

La Chine “belliqueuse”

Mais l’incursion de vendredi a suscité une admonestation particulièrement virulente de la part de Taipei. “La Chine a été belliqueuse et a porté atteinte à la paix régionale tout en se livrant à de nombreux actes d’intimidation”, a déclaré le Premier ministre Su Tseng-chang, lors d’un point presse samedi matin.

“Il est évident que le monde, la communauté internationale, rejette de plus en plus ces comportements de la Chine”, a-t-il ajouté.

Le ministère de la Défense taïwanais a indiqué que 22 avions de chasse, deux bombardiers et un avion de lutte anti-sous-marine ont pénétré vendredi dans l’Adiz du sud-ouest de l’île. Dans la nuit de vendredi à samedi, un deuxième groupe de 13 avions a pénétré dans l’Adiz, ce qui porte le nombre total d’appareils total à 38, selon le ministère.

Une zone d’identification de défense aérienne est un espace aérien dans lequel un État souhaite identifier et localiser les aéronefs pour des raisons de sécurité nationale.

De telles incursions de l’aviation chinoise dans cette zone se sont multipliées depuis deux ans, Pékin entendant effectuer ainsi des démonstrations de force à des moments importants. C’est également pour la Chine un moyen d’éprouver la flotte vieillissante d’avions de chasse de Taipei.

“Ces avions de guerre apparus dans le ciel taïwanais le jour de l’anniversaire de la Chine sont une nouvelle façon de célébrer les vacances. Il pourrait y en avoir davantage l’an prochain si les autorités de Taïwan continuent leurs provocations”, a écrit sur Twitter le rédacteur en chef du Global Times, journal d’État chinois. 

Tensions jamais vues depuis 30 ans

La démonstration de force de vendredi intervient quelques jours après que Pékin a accusé la Grande-Bretagne d’avoir envoyé un navire de guerre, pour la première fois depuis 2008, dans le détroit de Taïwan avec de “sinistres desseins”.

La Chine revendique le détroit qui sépare la Chine continentale de l’île de Taïwan, ainsi que la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, plus au sud. Les États-Unis et d’autres pays estiment que cette zone appartient aux eaux internationales, et est donc ouverte à tous.

L’an dernier, 380 avions militaires chinois ont été détectés dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île et depuis le début de l’année, ils sont plus de 500. Le précédent record quotidien remonte au 15 juin, lorsque 28 appareils avaient franchi la zone de défense aérienne de Taïwan.

Certains experts affirment que les tensions entre la Chine continentale et Taïwan sont au plus haut depuis le milieu des années 1990. De responsables militaires américains n’ont pas caché redouter que la Chine puisse envisager d’envahir l’île.

Les incursions de vendredi interviennent après que la Grande-Bretagne a envoyé, le 27 septembre et pour la première fois depuis 2008, un navire de guerre dans le détroit de Taïwan. Le commandement de l’Armée populaire de libération a condamné cet acte, accusant la Grande-Bretagne de nourrir de “mauvaises intentions visant à saboter la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan”.

Alexander Huang, professeur associé à l’université Tamkang de Taipei, a estimé que cette dernière incursion aérienne ne vise pas simplement et seulement à envoyer un message à Taïwan.

La Chine voit en effet d’un mauvais œil le soutien Washington à Taïwan qui a posé sa candidature pour intégrer le Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), le plus grand accord commercial de la région. Même si Washington a quitté le partenariat sous la présidence Trump, l’administration de Joe Biden a estimé que la candidature de l’île devait être examinée par les membres du CPTPP et a exhorté la Chine à “cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques.”

“La Chine envoie un message politique aux États-Unis et au Royaume-Uni le jour de sa fête nationale: ‘Ne faites pas de bêtises dans ma région’”. Des navires de guerre canadiens, français et australiens ont aussi croisé dans le détroit de Taïwan ces dernières années, suscitant de vives protestations de la part de Pékin. 

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