Présidentielle 2022: Zemmour perce dans les sondages, inquiétude et relativisme à droite

Éric Zemmour (ici le 17 septembre 2021) perce dans les sondages, inquiétude et relativisme à droite

POLITIQUE - Un mouchoir de poche, et de la fièvre. Depuis qu’Éric Zemmour a été donné, vendredi 1er septembre, à 15% d’intentions de vote dans un sondage Ipsos pour Le Parisien, la crispation à droite et à l’extrême droite commence franchement à se faire sentir.

Il faut dire que le polémiste, plusieurs fois condamné pour incitation à la haine, dépasse pour la première fois les candidats testés dans l’enquête comme étant soutenu par Les Républicains, Xavier Bertrand y compris, et se rapproche, comme jamais, de Marine Le Pen, la cheffe de file du Rassemblement national.

Une tendance signifiante à ce stade de la campagne pour l’ancien chroniqueur de Cnews? Sans aucun doute, pour plusieurs responsables chez Les Républicains, qui oscillent entre inquiétude et relativisme à l’heure où les sondages sont appelés à se multiplier à sept mois du scrutin.

“Zemmour est le symptôme de notre propre vide”

Pour les plus inquiets, on s’exprime surtout à visage couvert. Et on charge la course interne -comme ses péripéties procédurales- qui commence à fracturer la droite modérée. “Comme d’habitude, c’est Sarkozy qui a raison. Zemmour est le symptôme de notre propre vide...”, siffle un “cadre du parti”, cité par Le Parisien, en référence aux propos de l’ancien chef de l’État sur le polémiste. Un autre abonde: “Zemmour dit plein de conneries mais il parle aux Français. Nous, depuis des semaines, on parle de procédures internes.”

Une ligne que partage le camp Xavier Bertrand. À ceci près que les soutiens du président de la région Hauts-de-France, lequel refuse de se soumettre au vote du congrès organisé par son ancienne famille politique, estiment que ce sont les différentes “ambitions individuelles” qui nuisent à leur camp.

“Le temps d’antenne de la droite est divisé par cinq ou six en ce moment”, constate ainsi le porte-parole de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Pierre-Henri Dumont, toujours dans les colonnes du quotidien. Pour lui, le sondage Ipsos place les différentes parties prenantes devait une “responsabilité” limpide, et dramatisée: “Ne pas faire disparaître la droite et la famille gaulliste.” 

Une ambiance morose qui semble également planer autour de l’extrême droite et de sa candidate Marine Le Pen. Interrogé par Le Figaro, vendredi soir, le président par intérim du Rassemblement national Jordan Bardella a reconnu “un léger partage du vote souverainiste”, quand Robert Ménard, le même jour sur LCI, avouait ne pas avoir “pensé” qu’Éric Zemmour “en arriverait là.”

“Cela ne veut pas dire grand-chose”

Pour le maire de Béziers, “évidemment que Marine (Le Pen, NDLR) est inquiète”, “malgré le côté rassurant qu’elle veut imprimer à son discours.” D’autant que, pour lui, ”(Zemmour NDLR) a aujourd’hui toutes les qualités”, pour continuer à marquer le terrain, entre “le talent”, la “sincérité” et un “extrémisme revendiqué.”

Dans ce contexte, tous ne partagent pas l’alarmisme de ces élus. Au contraire, la majorité des ténors de droite comme d’extrême droite s’attachent à relativiser les choses, avec un argument principal: les enquêtes d’opinion et les mesures d’intentions de vote n’ont absolument pas valeur de prédiction à “ce stade-là” de la course à l’Élysée.

“Quand on a participé à beaucoup de présidentielles, comme c’est mon cas, on sait que des sondages réalisés sept mois avant l’élection ça ne veut pas dire grand-chose. L’électorat se cristallise vraiment au mois de février”, expliquait, par exemple Philippe Goujon, vendredi sur BFMTV.

Même chose pour Florence Portelli, la vice-présidente (Les Républicains) de la région Île-de-France, laquelle dit avoir “beaucoup de recul” sur ces données. “Il ne faut surtout pas se laisser affoler par les sondages qui, à l’heure d’aujourd’hui, signifient quelque chose mais ne sont pas le reflet d’une réalité, d’une vérité”, expliquait, vendredi, sur franceinfo, celle qui soutient Valérie Pécresse dans la course à l’investiture LR.

“Nous chez Les Républicains nous gardons notre sang-froid”, martèle la vice-présidente du parti, Agnès Evren, ce samedi matin, sur BFMTV. Un élément de langage distillé par la direction de la formation gaulliste depuis le fameux sondage. Résistera-t-il aux suivants? 

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